Théâtre - Critique

Hamlet mis en scène par Luca Giacomoni est au Monfort

Hamlet mis en scène par Luca Giacomoni est au Monfort - Critique sortie Théâtre Paris Le Monfort Théâtre


Le Monfort Théâtre / Texte de Shakespeare / Mise en scène Luca Giacomoni

Luca Giacomoni est coutumier du fait. Il aime mêler comédiens professionnels et non professionnels à la scène et s’attaquer à des textes monuments. Il y a eu l’Illiade avec des détenus, Les Métamorphoses d’Ovide avec des femmes victimes de violences. Et maintenant Hamlet avec des patients suivis en soins psychiatriques. Ce n’est pas l’originalité de la démarche que cherche Giacomoni avec cette approche, mais bien davantage à questionner ce qu’on peut attendre du théâtre et ce que le théâtre peut nous apporter. Jamais, sans doute, dans ce sens, Giacomoni n’était allé aussi loin qu’avec ce Hamlet. Jamais il n’avait tant mis en péril les fondements de la théâtralité ordinaire. Jamais il n’avait tant mis en danger ses comédiens, son spectacle. À rester présent sur scène tout du long de cette première pour parer aux oublis d’un comédien qu’il fait jouer livre en main. À ce qu’on entende souvent mal le texte dans cette grande salle du Monfort. À ce que souvent l’on ne perçoive pas les intentions portées par la mise en scène ou par les acteurs. Le spectacle se retrouvant parfois au bord du gouffre. Et pourtant, de cette mise en scène aux multiples défauts, qui va certainement se rôder, on ne peut s’empêcher de se dire qu’elle nous emporte ailleurs et qu’elle offre quelques moments de grande beauté.

 

Une autre manière de faire du théâtre s’affirme

 

Hamlet est une mine d’or en ce qui concerne les thématiques de la folie, des apparences, de la vérité et du mensonge, tout comme des pouvoirs du théâtre. Sur scène, un établi, un fauteuil, un chevalet, un tapis, un piano… autant d’objets disposés dans un grand désordre au milieu desquels comédiens et comédiennes dansent et gesticulent en attendant le noir de la salle. On se croirait dans une brocante et chez des aliénés. Claudius ne sait pas trop quand il doit jouer. Polonius a la jubilation scénique communicative. Le fantôme du père d’Hamlet à la stature impressionnante promène naturellement sa présence d’ailleurs. Professionnels et non professionnels se mêlent et se mélangent, on cherche à les distinguer. On reconnaît Valérie Dreville qui  offrira une scène de théâtre dans le théâtre mémorable. La musique et le chant de Nathalie Morazin envoient des moments de grande beauté. Certains choix de mise en scène interrogent ou font douter. Pourquoi ces comédiens qui grimpent aux murs ? Cette laisse pour Ophélie ? D’autres stupéfient. Claudius qui projette avec rage la terre sur son tableau. Des cris ahanants. Au milieu de ce désordre, la fable se perd souvent. Les percutantes formules de Shakespeare aussi. Mais quelque chose se construit. Du sens mais aussi quelque chose d’indéfinissable. Une autre manière de faire du théâtre s’affirme, guidée par la remarquable simplicité de l’interprétation d’Hamlet et ce quelque chose de si vrai, si vivant et si émouvant, que n’offrent pas, souvent, les spectacles bien léchés.

Eric Demey

 

A propos de l'événement


du mercredi 29 septembre 2021 au samedi 9 octobre 2021
Le Monfort Théâtre
105 rue Brancion, 75015 Paris

Relâche dimanche et lundi. Tel : 01 56 08 33 88. Durée : 2h30.


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