Gustavo Dudamel dirige Turandot mis en scène par Robert Wilson.

Dernier opéra de Puccini, laissé inachevé par le compositeur, Turandot adapte une comédie éponyme de Gozzi qui puise sa source dans une légende persane médiévale. L’histoire d’amour et de sacrifice de la princesse chinoise qui, telle une Sphinge, soumet ses prétendants à trois énigmes qu’ils doivent résoudre pour éviter la mort, s’inscrit dans une veine orientalisante que l’on retrouvait déjà dans Madame Butterfly – dont le destin peut être lu comme l’inverse de celui de la vengeance de Turandot. Près de trente ans après une Madame Butterfly qui constitue l’un des piliers du répertoire de Bastille, Robert Wilson fait revenir Turandot à Paris, absente de la capitale depuis la dernière reprise de la production de Francesca Zambello en 2002, avec une mise en scène présentée à Madrid, Toronto et Vilnius, dans laquelle on retrouve la décantation minimaliste du plasticien et scénographe américain. Mais ce sera également le premier spectacle que dirigera depuis sa prise de fonction à la rentrée Gustavo Dudamel, le nouveau directeur musical de l’Opéra national de Paris, qui a d’abord construit sa réputation dans le répertoire symphonique, et était venu pour la première fois dans la fosse de Bastille pour un autre Puccini, La Bohème, en 2017. Le chef vénézuélien, par ailleurs à la tête du Los Angeles Philharmonic Orchestra, osera-t-il remplacer la conclusion traditionnelle, version qu’Alfano écrivit en 1926, par celle de Berio, créée en 2002 sous la baguette de Kent Nagano à l’Opéra de Los Angeles  ?

Gilles Charlassier