Théâtre - Entretien

Gros-Câlin

Gros-Câlin - Critique sortie Théâtre Paris. Théâtre de l’Oeuvre


Théâtre de l’Œuvre / de Romain Gary (Emile Ajar) / mes Bérangère Bonvoisin

« M. Cousin, l’homme qui prend la parole dans Gros-Câlin, me fait beaucoup penser aux dessins de Sempé, à la modestie et aussi au romantisme qui se dégagent de ses personnages. Il s’agit d’un petit fonctionnaire anonyme qui vit seul avec un python, qui se fond dans l’agglomération de Paris, ne demande qu’une chose, ne pas être vu. Pourtant, il aspire à l’amour, à une forme de reconnaissance. M. Cousin est un révolté sensible, un asocial qui ne veut pas faire de vague. C’est un personnage extrêmement paradoxal. Il n’a pas abdiqué, n’a pas renoncé à se battre contre les choses qui le révoltent, mais il exprime sa liberté et ses désaccords dans l’abstention. C’est un personnage qui me touche vraiment beaucoup : il a un désir d’anonymat et, dans le même temps, souffre de la solitude. Un peu comme un artiste qui aurait à la fois besoin d’être à distance des autres pour créer et qui aurait du mal à supporter son isolement…

 

Un amplificateur d’imaginaire

 

J’aborde ce personnage avec beaucoup de tendresse, en m’arrêtant sur chaque phrase, en creusant chaque détail de son existence, de son caractère. Gros-Câlin se situe en permanence sur un fil tendu entre drôlerie et profondeur, humour et désespoir. Avec Bérangère Bonvoisin, nous avons travaillé à établir un strict équilibre entre ces deux dimensions. Je crois que la drôlerie du personnage de Romain Gary vient essentiellement de la manière qu’il a de voir les choses qui lui arrivent. M. Cousin est un homme qui prend ses rêves pour des réalités, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses. C’est un homme qui rêve, un homme qui fantasme… Je prends énormément de plaisir à m’identifier à lui. De façon générale, j’aime me confronter à des monologues, car ce genre de textes sollicite de la part de l’acteur un travail qui s’approche de celui du conteur, du récitant. J’aime plonger dans cette matière littéraire et en devenir le passeur pour les spectateurs. C’est comme se transformer en amplificateur d’imaginaire, en démultiplicateur de sentiments… » 

 

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

 

* La Terrasse n° 176, mars 2010.

A propos de l'événement


Gros-Câlin
du vendredi 15 novembre 2013 au jeudi 9 mai 2024
Théâtre de l’Oeuvre
55 rue de Clichy, 75009 Paris.
A partir du 15 novembre 2013. Du mardi au vendredi à 19h. Le samedi à 16h, le dimanche à 19h. Tél. : 01 44 53 88 88. www.theatredeloeuvre.fr

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