Théâtre - Critique

Grand symposium : tout sur l’amour

Grand symposium : tout sur l’amour - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville


Théâtre de Belleville / conception et mes Meriem Menant et Catherine Dolto

Il y a longtemps, Emma la clown voulait devenir un ange. C’était en 1998 précisément, année de création du premier solo de Meriam Menant dans son personnage de clown à cravate, jupe plissée et bonnet de laine. Le temps a passé, et si Emma a renoncé au Ciel, elle cultive sa belle naïveté en la frottant dans ses spectacles à des sujets habituellement étrangers au domaine du clown. Avec la mort, Dieu, la guerre d’Afghanistan, la psychanalyse ou encore l’écologie, l’idée et les réalités de l’amour perturbent en effet ce clown mi-blanc mi-Auguste, tiraillé entre sa gaîté naturelle et la gravité que lui impose le monde. Dans Grand symposium : tout sur l’amour, créé en 2013, elle décide de « reprendre l’affaire où Platon l’a laissée » dans son Banquet. Bien consciente du handicap que représente son nez rouge pour cette ambitieuse entreprise, elle fait appel à l’haptothérapeute – médecin spécialisé dans l’assistance psychoaffective aux personnes en souffrance – Catherine Dolto, qui l’accompagne aussi dans La Conférence (2005) et dans Z’humains (2015). Du paléolithique à l’époque contemporaine, de l’amour filial à la l’amour passion, les deux acolytes arpentent avec bonheur le vaste sujet qu’elles se sont choisi.

La rencontre d’un sanglier et d’un poupon

Après une rapide énumération des différents types d’amour identifiés par leur copain Platon, Emma et sa complice s’intéressent un moment aux adoratrices du Saint-Prépuce, avant de donner la parole à une autre connaissance : Alain Decaux, qui, par vidéo interposée, prononce quelques phrases chevrotantes au sujet de l’amour aux premiers temps de l’humanité. Dans ce Grand symposium, la sagesse vient rarement où on l’attend. Avec ses mimiques, son goût de l’anecdote farfelue et sa pudeur qui lui fait contourner tout sujet trop intime, Emma ne fait pas que questionner les limites du clown : elle fait avancer la réflexion autant que Catherine Dolto et toutes les sommités qui se succèdent sur l’écran où est apparu feu l’historien médiatique. Soit le spécialiste de physique quantique Etienne Klein, la gynécologue taoïste Danielle Flamenbaum, le philosophe Patrick Viveret et les ethnologues Michael Houseman et Christina Figuereido. Pleine de digressions et d’analogies incongrues, la conférence scientifico-clownesque a des accents surréalistes, tout comme le sanglier en peluche chevauché par un poupon posé dans un coin, unique élément de décor de la pièce. Assistant muet du duo, le jouet qui incarnait Freud dans La Conférence représente cette fois « la cochonne qui sommeille en nous ». Emma la clown et Catherine Dolto jouent avec les mots comme avec les choses, et fabriquent des associations d’autant plus charmantes qu’elles sont inattendues.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement


Grand symposium : tout sur l'amour
du dimanche 8 janvier 2017 au lundi 30 janvier 2017
Théâtre de Belleville
94 Rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris, France

le lundi à 20h et le dimanche à 17h. Tel : 01 48 06 72 34.


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