Danse - Critique

L’haletant g r oo v e de Soa Ratsifandrihana

L’haletant g r oo v e de Soa Ratsifandrihana - Critique sortie Danse Centre national de la danse


Centre National de la Danse / Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis / chor. Soa Ratsifandrihana

Dans un dispositif quadri-frontal, le public se tient au plus près de la danseuse. La proximité inhérente au projet exhorte les spectateurs à retenir leur respiration pour entendre celle de la danseuse. Sur le sol bétonné, Soa Ratsifandrihana s’invite dans une semi-obscurité. Sans bande sonore, elle le cherche. Elle le visualise, tente de l’attraper. Quoi, qui ? Son groove. Depuis les années 30, s’il a perdu son usage issu du jazz et des disques, son essence est restée intacte : la recherche d’une souplesse rythmique, le balancement, la temporalité. Une relation à saisir entre corps et musicalité, résultat d’un habile travail des sensations. C’est dans cette quête que nous sommes conviés.

De la quête au duel, il n’y a que quelques pas

Grosses épaulettes en mousse, Soa se mue en super-héroïne. Ses enchaînements se répètent, face après face, découvrant la gestuelle sous tous les angles, possibilité offerte par le généreux quadri-frontal. Au fil de l’épopée, la bande sonore composée par Sylvain Darrifourcq et Alban Murenzi déploie sonneries, souffles, bugs. Perturbations du rythme. Soa compose avec peine. Frustration – pour elle comme pour nous. Se distingue cependant une détermination absolue, révélant une volonté de domination et donnant à la danseuse l’élan de laisser peu à peu la bande sonore l’habiter. Elle l’anticipe même, par moments. La danse devient électrique, impulsive. Un duel se crée alors entre elle et les sons. Cette ascension vers la cohabitation tant recherchée finit par atteindre une apogée stimulant l’ouïe et la vue, offrant un plaisir presque physique. On se demande si ce n’est pas finalement Soa qui impose à la musique de la suivre. Au terme d’une performance haletante, elle finit par quitter le plateau dans l’obscurité. On ne vous dira pas qui a gagné.

Louise Chevillard

A propos de l'événement


g r oo v e
du lundi 13 juin 2022 au mercredi 19 octobre 2022
Centre national de la danse
1 Rue Victor Hugo, 93507 Pantin

Les 13 et 14 juin, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis. À 19h30. Durée : 45min. Spectacle vu à la Fondation Cartier.


Puis en tournée au Festival DeSingel à Anvers le 25 juin, au Festival Actoral à Marseille les 20 et 21 septembre 2022, aux Petites Scènes Ouvertes au Creusot le 19 octobre 2022.


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