Classique / Opéra - Gros Plan

Fruits de la passion

Fruits de la passion - Critique sortie Classique / Opéra Sceaux Les Gémeaux


GROS PLAN / BACH / MUSIQUE SACRÉE

Accueillie dans les auditoriums bien plus souvent que dans les églises, la musique sacrée est aujourd’hui sécularisée – voir la profusion de requiems ne célébrant aucun deuil. La programmation musicale rejoint cependant le calendrier liturgique au moment de la Semaine sainte, et inévitablement se tourne vers les Passions de Jean-Sébastien Bach. Deux oratorios de Bach relatant la Passion du Christ, de son arrestation à sa mise au tombeau, ont été conservés, – ceux qui s’appuient sur l’évangile de Jean et celui de Matthieu. La mise en musique des textes des deux autres évangélistes, Marc et Luc, n’est connue que par des fragments et leur reconstitution n’a jamais pu être menée à bien. La Passion selon Saint Jean comme la Passion selon Saint Matthieu sont construites selon une alternance de récitatifs, d’arias et de choeurs. Œuvres d’église, destinées à s’intégrer à l’office, les Passions de Bach n’en présentent pas moins un caractère dramatique affirmé. Gilles Cantagrel, spécialiste du compositeur, parle à leur propos d’« opéras spirituels », et il y eut quelques tentatives de mises en scène de ces œuvres qui ne s’y prêtent pas si facilement. La contrainte d’un drame ne pouvant être représenté – il s’agissait de bien dissocier la musique d’église de celle destinée au théâtre – a conduit Bach à faire preuve d’une extraordinaire invention musicale, tant par la structure contrastée de l’œuvre (avec le recours à des chorals, qui viennent comme en commentaire du texte liturgique) que par une instrumentation originale, laissant une large place aux interventions solistes.

Instruments anciens, instruments modernes

La Passion selon Saint Jean, que Bach donna pour le Vendredi saint en 1724, durant sa première année en tant que « cantor » de l’église Saint-Thomas de Leipzig, est plus facilement présentée, en raison d’un effectif et d’une durée plus réduits que la Passion selon Saint Matthieu, qui fait appel à un double chœur. C’est le choix qu’ont fait trois chefs cette année, avec des options d’interprétation que l’on imagine bien différentes. Il faudra ainsi se décider, en ce Vendredi saint, entre la proposition de Daniele Gatti sur instruments modernes (avec l’Orchestre national de France, le Chœur de Radio France et les solistes Michael Schade et Markus Werba) à la Maison de la Radio et celle de Philippe Herreweghe sur instruments anciens (avec l’Orchestre des Champs-Élysées, le Collegium Vocale de Gand) au Théâtre des Champs-Élysées. Il sera intéressant de comparer l’une ou l’autre de ces interprétations avec l’approche plus intime de Benoît Haller avec La Chapelle rhénane, donnée les 13, 14 et 15 mars à Sceaux. On pourra également confronter deux interprétations « historiquement informées » de chanteurs-chefs de la Passion selon Saint Matthieu puisque Mark Padmore, avec le Chœur et l’Orchestre de l’Âge des Lumières au Théâtre des Champs-Élysées, et Christoph Prégardien, avec le Chœur Balthasar Neumann et Le Concert lorrain au Château de Versailles, ont retenu respectivement la date du mercredi et du samedi saint.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


Fruits de la passion
du vendredi 13 mars 2015 au vendredi 3 avril 2015
Les Gémeaux
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

Les 13 et 14 mars à 20h45, le 15 mars à 17h. Tél. : 01 46 61 36 67.


Théâtre des Champs-Élysées, 15 avenue Montaigne, 75008 Paris. Mercredi 1er, vendredi 3 avril à 20h. Tél. : 01 49 52 50 50.


Château de Versailles, 78000 Versailles. Samedi 4 avril à 20h. Tél. : 01 30 83 78 89.


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