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Theater Dakh : le théâtre comme art total

Theater Dakh : le théâtre comme art total - Critique sortie Théâtre
Presque une pièce, presque Pirandello/Une danse de mort par Vlad Troitskyi, © Theìâtre Dakh

Publié le 10 mai 2011

Vlad Troïtskyi, dont le petit théâtre à Kiev enthousiasme public et critique, propose deux spectacles, d’après le mythe d’Œdipe et l’univers de Pirandello.

Le théâtre comme un art total ritualisé mêlant jeu, chorégraphie et musique, comme une expérience esthétique synthétique, ancrée dans la culture ukrainienne tout en la mettant en perspective et la dynamisant à travers la scène. Fondé à Kiev en 1994 par Vlad Troïtskyi avec ses propres deniers – après de brillantes études scientifiques -, le théâtre Dakh, niché au pied d’un immeuble dans une ruelle, fait salle comble toute l’année en rassemblant une soixantaine de spectateurs, et forme de jeunes acteurs auprès des meilleurs pédagogues russes et ukrainiens. La troupe, déjà accueillie au Festival Passages à Metz, propose deux spectacles. Le premier est composé de deux pièces jouées dans le même dispositif scénique étonnant, où le public se retrouve au-dessus ou en dessous des acteurs. La Maison des chiens, commande de Vlad Troïtskyi dont le dramaturge et pédagogue Klim signe texte et mise en scène, est suivie par Œdipe, mise en scène par Vlad Troitskyi à partir d’œdipe Roi de Sophocle. Le théâtre interroge l’effarant mythe d’Œdipe, où l’aveuglement final manifeste l’horreur de la connaissance, où les ténèbres de l’inconscience laissent place à celles de la conscience. 

Puissance métaphorique
 

La pièce se déploie au cœur du drame et de la farce tragique de l’homme se débattant contre son destin, se frayant un chemin extraordinairement difficile à travers sa perception du réel. Confinés dans une cage, les acteurs expriment dans la première partie les aléas quotidiens de l’enfermement. Puis dans la seconde le mythe affirme, notamment à travers les dialogues entre Œdipe et le chœur, toute sa puissance métaphorique. La pièce suivante, intitulée Presque une pièce, presque Pirandello/Une danse de mort, résonne comme un écho impressionniste de l’univers et de multiples personnages nés sous la plume de Pirandello. Un écho reflétant les contrastes pirandelliens entre visage et masque, reflétant les multiples contradictions qui rendent l’être instable et la communication si difficile. Les jeunes acteurs font ici preuve d’une émouvante spontanéité. « Les œuvres de Pirandello m’attirent par leur atmosphère étrange et sensuelle, traversée d’érotisme et de mort. En même temps dans tous ses romans on ressent un désir insatiable pour l’amour de la vie » confie Vlad Troïtskyi. La vie et la mort sont ici indissociablement liés. Et en filigrane la vieille Sicile, implacable et naïvement soumise à l’autorité catholique, n’est pas sans rappeler l’Ukraine. Le mysticisme, l’humour et l’érotisme caractérisent ce monde chimérique d’illusions, ce monde imprévisible entre douleur et espoir, entre solitude et rêve, au bord de la désintégration. Un monde rendu vivant par la magie du théâtre…

Agnès Santi


La Maison des chiens. Œdipe,le 20 mai à 20h, le 21 à 17h30, le 22 à 18h. Presque une pièce, presque Pirandello/Une danse de mort, le 24 mai à 19h, les 25 et 26 à 21h30.

 

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