« Kaldûn » d’Abdelwaheb Sefsaf
Abdelwaheb Sefsaf raconte dans Kaldûn [...]
Focus -336-En 2025/2026, le Théâtre de La Criée fait du langage le terreau commun de notre humanité
Il entame sa quatrième saison en tant que directeur du Théâtre National de Marseille. Le metteur en scène et comédien Robin Renucci réaffirme, en 2025/2026, sa volonté d’ouvrir La Criée à toutes et tous pour en faire une maison du peuple des langages.
Pourquoi avez-vous choisi d’intituler la saison 2025/2026 de la Criée Communes paroles ?
Robin Renucci : Cette notion m’est chère, car j’ai à cœur de faire un théâtre qui soit relié à notre vie et à notre époque. Aujourd’hui, le langage est souvent monopolisé par les pouvoirs. Il est technicisé. Ce qui ne permet plus à la langue d’être un bien commun. J’ai voulu replacer la parole au centre de nos existences, afin d’interroger tous les possibles, toutes les libertés, afin que la langue redevienne une puissance d’agir. Les mots des textes contemporains et des classiques qui seront à l’affiche de cette nouvelle saison seront à la fois politiques, poétiques et quotidiens. Ils seront accessibles à toutes et tous, dans un théâtre que j’envisage comme une maison du peuple où chacun et chacune peut prendre sa part de langage quand il le veut.
Votre programmation révèle une volonté résolue d’éclectisme…
R.R. : Oui, en ne perdant jamais de vue ce qui est au cœur de mon travail : les questions de la solidarité et de l’émancipation. Ces sujets s’exprimeront dans les deux spectacles que je vais mettre en scène cette année : La Leçon d’Eugène Ionesco et L’École des Femmes de Molière. Ces œuvres me touchent beaucoup. Elles témoignent d’une modernité qui appartient autant à hier qu’à aujourd’hui. La Leçon et L’École des femmes interrogent la confiscation et la décrédibilisation de la parole féminine. Dans une époque où les pouvoirs masculinistes tentent de regagner du terrain en essayant d’accentuer la domination des hommes sur les femmes, il me semble très important de donner à entendre aux publics les plus larges possibles ces deux pièces explosives et nécessaires, des pièces du patrimoine qui éclairent les mouvements de liberté et d’émancipation que permet le langage, mais aussi l’écrasement qu’il peut parfois engendrer.
Le hall de La Criée va être repensé pour pouvoir accueillir plus largement les habitantes et habitants de Marseille. L’idée est-elle de faire de ce théâtre, au-delà même des représentations qui y prennent place, un lieu de vie partagée ?
R.R. : C’est exactement ça. Nous souhaitons que notre théâtre vive tout au long de la journée, grâce à des activités qui seront l’occasion, pour les Marseillaises et les Marseillais, de venir passer du temps dans nos murs. Les gens doivent pouvoir venir à La Criée du matin jusqu’au soir, parce qu’ils s’y sentent chez eux. Nous avons mené un travail de réflexion avec la population, par le biais d’un appel à contribution, afin de déterminer ce dont les habitantes et habitants avaient besoin. Les activités que nous accueillerons seront largement liées à la transmission, à la formation, à une forme d’éducation populaire renouvelée. Mais sans exclusive. Un groupe de gens qui a besoin d’un lieu pour jouer aux cartes m’intéresse tout autant qu’un atelier d’écriture ou de pratique théâtrale. Cette volonté d’être inclusif en ouvrant la Criée au plus grand nombre passe par d’autres dispositifs. Par exemple, par des représentations Relax qui permettent à celles et ceux qui ont des réflexes cognitifs et sensoriels spécifiques de pouvoir venir au théâtre sans que leur soit reprochée leur façon de réagir à ce qui se passe sur scène. Lors de telles représentations, les spectateurs peuvent manifester toutes leurs émotions. Ils peuvent aussi entrer et sortir de la salle comme bon leur semble.
Vous travaillez également à élargir vos publics grâce au dispositif La Criée lève l’ancre…
R.R. : Oui, ce dispositif vise à sortir de nos murs pour aller à la rencontre de celles et ceux qui pensent que le théâtre n’est pas pour eux. Nous concevons donc des spectacles dédiés à l’itinérance qui peuvent être représentés dans des hôpitaux, des centres sociaux, des maisons de quartier, des écoles… Nous allons partout où nous pouvons aller, notamment avec les membres de notre Jeune Troupe constituée d’étudiants de l’École régionale d’acteurs de Cannes et de Marseille en contrat d’apprentissage. Cette saison, nous accueillons Madeleine Delaunay et Thessaleïa Degremont qui participeront à la création du spectacle 65 rue d’Aubagne.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Tél. 04 91 54 70 54.
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