Académie d’orchestre, pour les jeunes musiciens
De jeunes musiciens rencontrent le grand [...]
En fonction depuis le 1er septembre, Pierre Brouchoud, le nouveau directeur général de l’Orchestre national d’Île-de-France, dévoile les grandes lignes de son projet pour mieux faire connaître l’excellence d’un orchestre qui, en 50 ans, est devenu une référence dans la décentralisation musicale.
Comment vous inscrivez-vous, en cette saison anniversaire, dans l’histoire demi-séculaire de l’Orchestre national d’Île-de-France ?
Pierre Brouchoud : En 50 ans, l’Orchestre national d’Île-de-France a construit une excellence artistique et une singularité, avec une action culturelle et une irrigation territoriale qui font référence, qu’il s’agit désormais de mieux faire connaître. La résidence à la Philharmonie de Paris, où nous donnons une douzaine de concerts par saison, constitue un appui privilégié pour nous inscrire dans le paysage musical français et international. Tout en renforçant les synergies et les partenariats au niveau régional, nous voulons développer le réseau de coproductions pour faire rayonner le travail de l’orchestre. Cela passe également par le disque, qui, notamment avec la collection Solo du label NoMadMusic, accompagne le développement artistique individuel de nos musiciens.
Quelles sont les marques de l’ancrage de l’Orchestre national d’Île-de-France dans la société contemporaine?
P.B. : L’Orchestre national d’Île-de-France est depuis ses débuts un creuset d’innovation pour l’accessibilité de la musique symphonique au plus grand nombre, tant en termes de générations que de capital culturel et de territoire. L’orchestre se caractérise par sa flexibilité. Il se déplace dans toute la région francilienne et va à la rencontre des populations, parfois dans des lieux qui ne sont pas prédestinés à accueillir des concerts. Tout ce travail de démocratisation, qui est au cœur de l’identité de l’orchestre, doit prendre en compte les évolutions des modes de consommation culturelle, et plus généralement de la société. Pour se montrer plus inclusif avec des publics a priori éloignés de la culture dite élitiste, il faut partir de leurs références culturelles pour les familiariser avec la musique classique. C’est dans cet esprit que je souhaite renforcer l’ouverture de la programmation aux autres disciplines artistiques, et plus particulièrement dans la relation à l’image, qui est plus que jamais la forme d’expression dominante aujourd’hui. Afin d’enrichir notre expérimentation dans ce renouvellement des formes du concert, qui se traduit en particulier par les associations avec le cinéma, j’ai le projet d’initier une résidence artistique avec un binôme unissant un compositeur et un plasticien, à qui l’on commandera une œuvre commune, à la manière de ce qui se fait à l’opéra. Comme pour le théâtre lyrique, il faut un équilibre entre la musique et l’image pour que cela fonctionne.
Quelles sont les grandes lignes de votre projet pour prolonger l’action envers les jeunes et les scolaires, l’autre marqueur fort de l’identité de l’Orchestre national d’Île-de-France ?
P.B. : Pour qu’une politique éducative ait un impact, il faut qu’elle s’inscrive sur du long terme, et ne pas se contenter d’un seul événement. On privilégie des partenariats avec les structures – établissements scolaires et conservatoires – tout en gardant un souci d’équité territoriale. Cela permet par exemple aux enseignants d’approfondir le décryptage de la pratique artistique. La rencontre avec les œuvres et les musiciens de l’orchestre s’appuie sur une démarche active et participative. Nous allons, par exemple, créer des liens avec la pratique chorale amateur, et en particulier celle des jeunes, en constituant un réseau de formations, pour réaliser des moments musicaux partagés avec l’orchestre.
En quoi les choix de programmation font-ils de l’Orchestre national d’Île-de-France un orchestre tourné vers l’avenir ?
P.B. : Au-delà de l’importance des dispositifs éducatifs, nous soutenons la jeune génération d’artistes, et en particulier des femmes, comme cette saison les cheffes Corinna Niemeyer, Alevtina Ioffe ou Chloé Dufresne, dans une dynamique qui redessine le paysage de la musique classique. La saison des 50 ans est jalonnée de pièces de compositrices, d’hier et d’aujourd’hui, et donne une visibilité privilégiée à ces questions de parité jusque dans la constitution du répertoire. Notre politique discographique s’en fait le reflet, en faisant redécouvrir des œuvres oubliées, à l’exemple d’un enregistrement de La Forêt de Rita Strohl pour le label La Boîte à Pépites et avec le soutien du Palazzetto Bru Zane. De même, la remise en question des codes traditionnels du concert ou la diversification des formes et des lieux participent à cette accélération de la démocratisation de la culture à laquelle l’orchestre contribue avec un volontarisme amené à s’affirmer encore davantage.
Propos recueillis par Gilles Charlassier
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