Correspondances, l’Ensemble de Sébastien Daucé fête ses dix ans d’aventures
En résidence, Sébastien Daucé et son ensemble [...]
Focus -336-Le théâtre de Caen, un creuset de rencontres artistiques
Présenté dans le cadre du 80ème anniversaire de la libération des camps, en partenariat avec le Mémorial de Caen, le cabaret Musiques interdites réunit l’auteur et metteur en scène David Lescot et le chef Samuel Hengebaert pour la première création théâtrale du collectif acte[six], fondé en 2020.
Quelle est l’origine du spectacle Musiques interdites ?
Samuel Hengebaert : Ma passion pour Thomas Mann m’a conduit sur les pas de ses enfants Erika et Klaus, qui avaient lancé Le Moulin à poivre, un cabaret avant-gardiste ouvertement anti-nazi à Berlin en 1933. J’ai alors exploré les musiques de cette époque, dont beaucoup sont encore méconnues. Notre ensemble a enregistré un coffret de trois disques, sorti le 26 septembre chez Oktav Records. Patrick Foll m’a fait rencontrer David Lescot pour s’emparer du sujet et imaginer une production scénique pour le théâtre de Caen.
Pourquoi avoir choisi la forme du cabaret ?
David Lescot : C’est la source d’inspiration du spectacle, en particulier dans sa variante politique illustrée par Brecht ou Valentin. C’est une écriture rapide, pleine de contrastes, qui permet des hybridations originales et de faire passer des messages. Il y a dans ce métissage un côté « impur » qui prend valeur de manifeste par rapport à ces musiques dites « dégénérées ». Jalonné d’éléments historiques, de chansons typiques du genre, mais aussi de pages dodécaphoniques et même d’une parenthèse baroque, notre cabaret contemporain fait des allers-retours dans le temps. L’humour très noir et politique rappelant le Moulin à poivre glisse progressivement vers une noirceur tragique.
Comment se déroule votre travail ?
S.H. : Grâce à une musicologue spécialisée, Élise Petit, j’ai eu accès à des partitions rares ou peu éditées et à des archives radiophoniques. Nous avons ensuite élaboré une dramaturgie entre pièces vocales et orchestrales pour équilibrer les interventions des 17 artistes en fosse et sur le plateau. L’idée est de donner envie au public d’explorer davantage ce répertoire.
D.L. : Pour le texte à numéros que j’ai écrit, il était évident pour nous de confier le rôle des deux Madame Loyal à Lucile Richardot et Éléonore Pancrazi. Autour de ces deux meneuses de revue, il y a une énergie collective qui fait sortir des rôles préétablis. Les instrumentistes deviennent aussi comédiens en jouant les situations associées aux musiques. L’abattage théâtral des deux chanteuses, qui ont participé à l’enregistrement d’acte[six], en fait des médiums idéals entre l’histoire et le public.
Propos recueillis par Gilles Charlassier
à 20h.
Tél. : 02 31 30 48 00
En résidence, Sébastien Daucé et son ensemble [...]