La Terrasse

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Focus -332-Sylvaine Hélary, nouvelle directrice de l’Orchestre National de Jazz : de l’enthousiasme et du partage

Le jazz : des vies artistiques qui se croisent, entretien avec Sylvaine Hélary

Le jazz : des vies artistiques qui se croisent, entretien avec Sylvaine Hélary - Critique sortie
Légende photo : Sylvaine Hélary, nouvelle directrice de l’ONJ © Julien Mignot

Publié le 20 avril 2025 - N° 332

Enthousiaste à l’idée de prendre les rênes de la formation, la musicienne se réjouit de renouer avec un orchestre qui a marqué son cheminement artistique et d’imaginer comment, l’an prochain, en célébrer les 40 ans d’existence.

Dans un texte introductif à votre mandat, vous dites prendre la direction de l’ONJ avec « enthousiasme ». Qu’est-ce qui motive le choix de ce mot ?

Sylvaine Hélary : C’est peut-être mon envie de persister dans l’optimisme malgré le monde qui s’écroule autour de nous ! Pour moi, cette aventure est très collective. J’ai toujours partagé mes expériences artistiques, je ne fais pas vraiment de carrière en solo, même si je trace ma route. Derrière cet orchestre, je vois une dimension de service public, d’intérêt général, qui me parle beaucoup, moi qui viens d’une famille d’instituteurs. L’outil tel qu’il a été développé par Fred Maurin m’a beaucoup attirée : tout ce qui a trait à la transmission, la pédagogie, le partage, la réflexion commune… ces valeurs sont très importantes et, oui, relever cet enjeu de partage m’enthousiasme.

« La transmission, la pédagogie, le partage, ce sont des valeurs très importantes pour moi. »

Comment fait-on le casting d’un tel orchestre ?

S.H. : C’est la première fois que je me retrouve à la tête d’une formation si nombreuse (mon Orchestre Incandescent ne compte que neuf musiciens). Ce grand format permet une ouverture. Il est assorti d’un cahier des charges – en termes de générations différentes, de recherche de parité – qui est pour moi un moteur pour aller vers des musiciens qui ne sont pas nécessairement dans mon cercle habituel. Je compte varier les équipes d’un programme à l’autre. Et si à l’issue de mon mandat, ce sont cinquante musiciennes et musiciens qui en ont fait partie plutôt que vingt, ce sera toujours ça de pris. C’est un orchestre qui reste prestigieux. Je me souviens avoir voulu y rentrer, lorsque j’y ai fait des remplacements en tant que flûtiste, aussi je veux le partager au maximum.

Justement, quels sont vos souvenirs de musicienne associés à l’ONJ ?

S.H. : D’abord celui de Paolo Damiani (2000-2002), car comme je venais de rencontrer des musiciens tels que Rémi Sciutto, Denis Charolles, Christophe Monniot ou Médéric Collignon qui en faisaient partie, j’allais les écouter. Pour moi, ça avait quelque chose de très faste, haut de gamme, exigeant… Ensuite, j’ai le souvenir de l’ONJ de Daniel Yvinec (2009-2013), dans lequel je me suis retrouvée à remplacer souvent Jocelyn Mienniel, ce qui m’a amenée à voir l’orchestre de l’intérieur. Celui-ci jouait dans le monde entier, je suis allée en Chine avec lui. Le programme avait été composé par John Hollenbeck… ça avait de l’allure ! Enfin, Fred Maurin (2019-2024) m’a demandé d’écrire pour l’un de ses programmes, mais j’ai aussi suivi avec attention son mandat parce que j’aimais tout ce qu’il avait développé sous l’égide de la structure, comme l’Académie de Composition ou l’Orchestre des Jeunes de l’ONJ qui contribue à la fois à valoriser du patrimoine mais aussi à la transmission. Deux dimensions que je tiens à conserver.

L’an prochain, vous célèbrerez les 40 ans d’existence de l’orchestre. Pouvez-vous nous donner un avant-goût de la fête ?

S.H. : À quoi ressemble un anniversaire quand on arrive à 40-50 ans ? S’agit-il de passer en revue le passé ou de fêter l’instant présent ? Sûrement un peu des deux. On va lancer un gros travail sur les archives, une « ONJ Story » avec un micro-site dédié, riche de photos et d’articles, mais je souhaite aussi une fête très vivante, qui implique des ados, des jeunes, des vieux… Au théâtre Silvia-Monfort, le temps d’un week-end, on croisera les publics, les habitants, dans quelque chose qui rappellera la forme du cabaret, où les professionnels pourront côtoyer les ados des ateliers jazz ou des chorales, où des stars de la chanson qui pourraient être Jeanne Added, Arthur H ou Dominique A rencontreront l’orchestre. Parce que c’est aussi cela la réalité du jazz : des vies artistiques qui se croisent. Pour le moment, la boite à idées est ouverte, le brainstorming est lancé… et on rêve !

Propos recueillis par Vincent Bessières

A propos de l'événement



www.onj.org

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