La percussionniste et chanteuse vénézuélienne Rebecca Roger Cruz conçoit une poétique universelle

Née à Caracas, Rebecca Roger Cruz grandit dans un pays où se reflète la richesse exceptionnelle des Caraïbes, de l’Amérique Latine, de l’Afrique et de l’Europe. Mais à l’adolescence, ce sont surtout les classiques du rock psyché qui l’intéressent. Pourtant, elle se tourne vers l’étude du chant lyrique et des musiques anciennes, puis intègre, à 17 ans, l’ensemble de la prestigieuse Camerata Barroca de Caracas. L’artiste explore avec la même curiosité́ les percussions, qu’elle ne cesse de convoquer, dans une musique irriguée de chansons populaire latino-américaines, de jazz et de flamenco. En 2012, elle pose ses bagages à Lyon pour poursuivre ses études de musicologie, multiplier les rencontres et y former plusieurs groupes.

Une voix passionnée

Aussi a-t-elle fait éclore un univers musical en lien avec la danse et le théâtre. Autour de son nouveau projet, elle réunit quatre musiciens d’exception qui l’incitent à exprimer sa personnalité artistique. Passionnée, elle envisage la voix comme un instrument où la sincérité serait son seul credo. Avec « Río Abajo », sorti cette année, Rebecca Roger Cruz se met à nu et dévoile un premier album qui lui ressemble : chants d’oiseaux, arrangements baroques et transe rythmique. Accompagnée de Sylvain Rabourdin (violon, chœurs), Léonore Grollemund (violoncelle, chœurs), Léna Aubert (contrebasse, chœurs) et Juri Caneiro (percussions, chœurs), Rebecca Roger Cruz perçoit la musique comme un geste rituel, invoquant la figure de l’éclipse ou de l’orage tropical pour nettoyer les âmes. Forte de sa culture classique, la soprano revisite également Henry Purcell. De ce voyage à travers les styles et les pays jaillissent les forces de la nature auxquelles elle croit.  « Toutes les choses ont leur poésie et la poésie est le mystère de toutes les choses » écrivait l’auteur espagnol Federico Garcia Lorca. Un esprit puissamment incarné par cette chanteuse qui a fait de son disque une ode à la terre et aux immensités marines.

Philippe Deneuve