Christian et François Ben Aïm créent « Tendre Colère »
Christian et François Ben Aïm créent en [...]
Focus -327-Suresnes Cités Danse, 33ème édition : une ode au danser ensemble
Directrice du Théâtre de Suresnes Jean Vilar, Carolyn Occelli prône le métissage artistique et entretient les fidélités de Suresnes Cités Danse, en accompagnant les artistes au long cours.
Vous parlez pour la 33ème édition de Suresnes Cité Danse d’un élan de tendresse. L’avez-vous conçue comme une parenthèse réparatrice, rassembleuse ?
Carolyn Occelli : Nous sommes dans une période difficile, violente, dans une société individualiste où nous perdons le sens de l’être ensemble. Les théâtres font partie des derniers endroits de collectif pacifié. Si nos espaces de culture sont intrinsèquement des lieux de réparation, je me suis demandé comment l’amplifier par les propositions artistiques que l’on y donne. Une de mes réponses est de programmer de grands ensembles qui véhiculent le sens du collectif. Ainsi nous ouvrons avec les dix danseurs de Tendre Colère et accueillons le Ballet de l’Opéra de Tunis et le Ballet de Lorraine.
Vous proposez, à côté de ces grands ensembles, des pièces plus intimistes dans un grand métissage des formes et des disciplines.
C.O. : Ce festival est né de la volonté d’Olivier Meyer de légitimer la danse hip-hop. Mais très vite, il l’a confrontée à l’écriture contemporaine. Dès sa deuxième édition, Suresnes Cités Danse a été un festival de danse hybride, c’est son ADN et ce qui garantit sa longévité. Selon moi, c’est du métissage que nait la créativité. Ce festival flirte parfois avec d’autres disciplines comme le théâtre ou le cirque, s’autorise des formes dénuées de frontières. Là aussi je réponds à une angoisse actuelle, celle d’un monde qui se replie, qui se referme dans des communautés. Aller dans des endroits de mélange entre différents langages est une façon de lutter contre l’étroitesse.
Les deux dimanches consacrés aux familles sont-ils aussi un moyen de rassembler ?
C.O. : Je trouve très important de nous adresser aux enfants qui sont nos publics de demain, de leur proposer des alternatives à ce qu’ils vivent à travers les écrans. Le spectacle vivant est un bon endroit pour le faire. C’est également un bon endroit pour faire cohabiter les familles, créer des moments de partage entre grands-parents, parents, enfants. De la même façon, il est important pour moi de proposer des moments participatifs. C’est pour cette raison qu’il y a deux bals dans ce festival, un bal swing et un bal parents enfants, et qu’il y a un battle. C’est une manière d’être ensemble en abolissant le jugement, de montrer que l’on peut tous se mettre en mouvement quel que soit notre âge, notre corps.
Une autre caractéristique de cette édition comme de ce festival est votre fidélité, la façon dont vous accompagnez les artistes sur le long terme.
C.O. :C’est essentiel pour moi. Ce festival a été créé par Olivier Meyer et je suis admirative et reconnaissante de ce qu’il a fait. Montrer aux artistes que cette maison est toujours la leur même si la direction a changé est une magnifique responsabilité. Je trouve également très beau de les accompagner dans le temps, dans leurs changements de carrière, lorsqu’ils passent d’interprète à chorégraphe, de chorégraphe à pédagogue, parfois quand ils font plusieurs choses simultanément. Nous avons cette édition le cas de Sarah Adjou qui vient comme interprète avec Aesthetica et la compagnie Tango Unione et qui crée aussi son solo Revue pour lequel nous l’accompagnons.
Entretien réalisé par Delphine Baffour
Tél. 01 46 97 98 10.
Christian et François Ben Aïm créent en [...]