Clara Hédouin présente « Manières d’être vivant » de Baptiste Morizot,

« La pensée de Baptiste Morizot m’accompagne depuis mes débuts. C’est en partie elle qui m’a donné envie de me consacrer à l’écriture de Jean Giono. L’univers de ce dernier — où l’homme est intimement relié à la nature sans chercher à la dominer — m’est apparu comme une matière théâtrale idéale pour explorer certains pans de la philosophie de Morizot. J’ai adapté deux textes de Giono, Le Prélude de Pan et Que ma joie demeure dans des spectacles en extérieur. Puis l’idée d’approcher plus directement la pensée de Morizot s’est imposée. Cela d’abord à travers une lecture en écho à Que ma joie demeure que j’ai créée en 2021, à l’occasion du Festival Paris l’été. Avec Manières d’être vivant, je tente pleinement l’aventure d’un théâtre de la pensée.

Ancestralité animale

Tout le défi de ce spectacle – mon premier en salle – est de rendre vivante la pensée de Morizot. Pour cela j’ai décidé, avec mon co-auteur et dramaturge Romain de Becdelièvre, de faire de nos six interprètes un groupe de pisteurs de loups, chez qui la rencontre avec l’animal fait surgir les questions traitées par Morizot. Parmi ces dernières, j’ai décidé de mettre en avant la notion « d’ancestralité animale » dont nos corps sont habités. Je creuse aussi l’idée de « coupure de la coupure », selon laquelle l’homme est aujourd’hui coupé de sa propre séparation du reste du monde vivant. En traduisant ces idées au théâtre, je souhaite dire la nécessité de se ré-émerveiller des autres espèces ».

Propos recueillis par Anaïs Heluin