De Kaamelott à Charlot, trois programmes en ciné-concert symphonique
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Pour le cinquantenaire de l’orchestre, son directeur musical Case Scaglione s’attellera aux grandes pages du répertoire, ainsi qu’à des créations ou recréations.
Vous dirigerez cette saison quelques symphonies parmi les plus populaires. Est-ce une façon de confronter l’orchestre à ses pairs ?
Case Scaglione : Il y a un peu de cela. On sait le rôle essentiel que joue l’orchestre dans la vie musicale de la région Île-de-France, mais il faut rappeler qu’il a aussi toute sa place sur la scène internationale, et interpréter le grand répertoire à la Philharmonie permet de s’en rendre compte. C’est un immense plaisir, par exemple, de débuter notre saison avec Messiaen et la Symphonie fantastique de Berlioz. L’orchestre connaît parfaitement, naturellement, ce langage, et sur cette base sûre, je peux apporter quelque chose de ma propre voix.
Vous retrouvez, dans ce programme, la violoniste Simone Lamsma pour le concerto de Sibelius. Faut-il s’attendre à une interprétation différente de celle que vous proposiez en 2019 ?
C.S. : Simone est une amie et elle est devenue celle de l’orchestre. Nous avons beaucoup discuté de notre interprétation. Ce sera sans doute différent, tout simplement parce que le travail d’interprète est une conversation qui ne s’arrête jamais, se nourrit toujours de nouvelles idées, de nouveaux détails. Même le programme a un impact sur la perception d’une œuvre. C’est particulièrement vrai pour Sibelius, qui « dialogue » bien avec la musique française.
La Cinquième Symphonie de Chostakovitch, en mars, sera précédée de la lecture de textes. Quelle place la parole peut-elle prendre, selon vous, au concert ?
C.S. : Après la rupture qu’a provoquée la pandémie, notre mission est de recréer le contact, trouver de nouveaux moyens d’accès aux œuvres. Bien sûr, la Cinquième Symphonie est une œuvre magnifique, qui se suffit à elle-même. Mais il peut être intéressant d’expliciter le contexte, à travers les mots mêmes de Chostakovitch – que lira Séphora Pondi, jeune pensionnaire de la Comédie-Française –, pour faire ressentir le caractère profondément ironique de l’œuvre, au-delà de son apparente dimension nationaliste. Sensibiliser au contexte d’une œuvre, c’est aussi une façon de faire comprendre ce qu’est une interprétation.
En tant que directeur musical, comment choisissez-vous les chefs invités ?
C.S. : Le plus important est que la relation se passe bien avec les musiciens, et que le chef réponde à leur exigence de travail. Alors, nous pouvons construire des amitiés musicales durables. Dans le même temps, il est indispensable de rester à l’écoute des jeunes chefs, de tenter de nouvelles rencontres.
Quels sont vos projets avec l’orchestre, à plus ou moins long terme ?
C.S. : Cette saison du cinquantenaire est évidemment très importante avec, entre autres événements, la Messe en ut de Mozart avec le Chœur de Radio France et la soprano Marie Perbost. Nous allons également enregistrer des œuvres de Rita Strohl, compositrice célébrée en son temps par Fauré, D’Indy ou Duparc. Certaines pages symphoniques n’avaient plus été jouées depuis plus d’un siècle et le matériel d’orchestre a été entièrement reconstruit. Ce sera, je crois, une redécouverte majeure.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
https://www.orchestre-ile.com
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