La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -198-L’APOSTROPHE

ANTOINE CAUBET

ANTOINE CAUBET - Critique sortie Théâtre
© Hervé Bellamy

Publié le 10 mai 2012

ROI LEAR 4/87

4 INTERPRETES, 87 MINUTES DE REPRESENTATION : LE METTEUR EN SCENE ET COMEDIEN ANTOINE CAUBET, NOUVEL ARTISTE EN RESIDENCE A L’APOSTROPHE, SIGNE UNE VERSION SINGULIERE, RADICALE, DU ROI LEAR.

« Pour une vision extrêmement dense, haute, exigeante,
terrible aussi, de ce qu’est l’humanité. » Antoine Caubet
 
Quelle est l’origine de votre projet de mise en scène du Roi Lear ?
Antoine Caubet : Roi Lear 4/87 est un spectacle de rupture. Après Les Fusils de la Mère Carrar de Bertolt Brecht, au CDN de Saint-Denis, en 2005, et Variations sur la mort de Jon Fosse, à Tokyo, en 2007, j’ai eu la sensation d’être arrivé à faire ce que je désirais sur un plateau, qu’enfin cela ressemblait à quelque chose, que les outils élaborés depuis vingt ans commençaient à s’épanouir vraiment. Et en même temps je voyais bien que cela ne changeait pas grand-chose à la façon dont les spectateurs, ici et là, vivaient le temps de la représentation, à la façon dont les théâtres accueillaient le spectacle. J’ai alors voulu, à partir d’une pièce pour laquelle j’éprouve une admiration presque sans limite, qui est un véritable joyau théâtral, tout changer, renoncer à tout ce que nous avions élaboré jusque-là.
 
A quoi, précisément, avez-vous renoncé ?
A. C. : A la scénographie, aux costumes, aux lumières, au son. Cela, afin de « forcer le rapport public » : un carré de chaises ou de bancs, la pièce se joue au milieu du carré dessiné par les spectateurs. Afin de dérouter l’institution, le spectacle peut se jouer en salle, sur un plateau, mais aussi n’importe où ailleurs. Afin de changer la relation aux acteurs, je joue : le metteur en scène n’a ainsi plus la même place dans les répétitions. Aucune technique n’est utilisée sur le spectacle, sinon une attention très ferme à la place des spectateurs, à leur distance par rapport aux acteurs.
 
Quel rapport au théâtre, à la représentation, à l’œuvre, ces partis pris visent-ils à instaurer ?
A. C. : La pièce fouille un monde en bouleversement, lui enlève ses assises ; la représentation se met en danger en laissant tomber les outils théâtraux nécessaires. Il me semble que les spectateurs sentent cela puissamment pendant la représentation de ce Roi Lear 4/87. Le lien tissé avec eux est alors vivant, au présent ; les enjeux de la représentation du théâtre deviennent évidents, palpables. Ce n’est pas seulement la proximité physique avec le public, je crois que cela va plus loin : la représentation se fait avec les gens qui sont là, ou plutôt à travers eux, et eux seuls, à cet instant. Pour une vision extrêmement dense, haute, exigeante, terrible aussi, de ce qu’est l’humanité.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


 

Roi Lear 4/87, d’après William Shakespeare ;
mise en scène d’Antoine Caubet. Le 3 mai à 14h30, au lycée René-Cassin de Gonesse. Le 25 mai à
20h30, au Centre Georges-Brassens de Menucourt.
Le 26 mai à 20h30, au Château de La Roche Guyon. Le 2 juin à 20h30, à la Maison de Quartier La Challe,
à Eragny-sur-Oise.

A propos de l'événement



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