Clara Hédouin présente « Manières d’être vivant » de Baptiste Morizot,
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Focus -336-En 2025/2026, le Théâtre de La Criée fait du langage le terreau commun de notre humanité
Puisant dans des récits individuels et collectifs, l’autrice et metteuse en scène Mathilde Aurier fait théâtre du drame qui bouleversa, en 2018, non seulement Marseille, mais la France entière.
« Le 5 novembre 2018, à 9h05, deux immeubles s’effondrent à Marseille. Le 63 de la rue d’Aubagne, inhabité, tombe en premier. Dans sa chute, il entraîne le 65, encore occupé. Ce jour-là, huit personnes perdent la vie et Marseille s’effondre, sous le poids de l’indifférence des pouvoirs publics, de l’usure de ses murs négligés, du silence face à ses appels à l’aide. À la suite du drame, 4000 personnes sont brutalement évacuées, perdant elles aussi leur logement. La politique de la ville bascule. Pour retracer ce drame dans toute son ampleur humaine, sociale et politique, je tenais à articuler récit intime et mémoire collective. Je suis donc allée à la rencontre des personnes directement touchées : les associations, les habitants et habitantes du quartier de Noailles, les personnes délogées… C’est là que j’ai fait la rencontre de celle qui a inspiré le personnage de Nina, locataire et survivante du 65 rue d’Aubagne.
La temporalité sinueuse du drame
Nina m’a raconté son combat psychologique, administratif et juridique. Elle m’a parlé de l’avant et de l’après catastrophe. Très vite, son personnage est devenu le fil rouge de la narration. Il était aussi important pour moi d’inscrire ma propre voix dans cette histoire, en tant que Marseillaise et en tant qu’autrice, d’amener ma fiction et ma sensibilité, sans trahir ce qui s’est réellement passé. Très vite, j’ai décidé de faire de l’effondrement un moteur dramaturgique et scénique. Faire le choix d’un récit morcelé et polyphonique me permettait d’aborder la temporalité sinueuse du drame. Cette fragmentation traverse de même la mise en scène : les six interprètes incarnent plusieurs rôles. On circule d’un point de vue à l’autre. La catastrophe, qui brise autant qu’elle soude, trouve son écho dans chaque recoin du spectacle. »
Propos recueillis par M.P.S.
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