Festival européen Jeunes Talents, avec Susan Manoff, Thomas Enhco, Romain Leleu…

Chez « Jeunes Talents », l’humeur est résolument à la joie de retrouver les planches, dans l’émotion particulière de la découverte de musiciens prometteurs qui font d’autant plus croire à demain que nous venons de traverser des temps maussades. Laurent Bureau, fondateur et directeur de « Jeunes Talents », un festival d’été mais aussi une saison parisienne, cite Vermeer (« la musique est la compagne des jours heureux et le remède des jours difficiles »), tandis que Helen Naulot-Molmerret, la programmatrice, s’enthousiasme : « Après tant d’annulations de concerts, quel plaisir de nous retrouver dans le cadre du Festival ! Nous pourrons ainsi revivre des instants de grâce ensemble ». Vingt concerts, dont six gratuits, sont à l’affiche, réunissant plus de 70 musiciens dans le cadre historique du Festival des Archives nationales, récemment réouvertes après plusieurs mois de travaux. La programmation reste fidèle à son credo de pousser dans la lumière de jeunes instrumentistes de premier plan issus des plus grands conservatoires et lauréats de prestigieux concours internationaux.

Y’a d’la joie ! 

Impossible de tous les citer évidemment mais l’on peut se pencher par exemple sur le concert d’ouverture et les deux derniers concerts à l’affiche, très représentatifs d’une programmation éclectique et exigeante. Le Trio Madelin, composé de deux sopranos, les sœurs Cécile et Marine Madelin, et de la pianiste chinoise  Qiaochu Li, donnera le coup d’envoi du festival lors d’un concert gratuit le 4 juillet à 16h30 dans un programme où rayonnera l’esprit du salon musical romantique et où dialogueront des compositeurs français et allemands (Brahms, Mendelssohn, Clara Schumann, Ravel, Pauline Viardot…). Trois semaines plus tard, un brillant sextuor à cordes (composé de Shuichi Okada et Magdalena Sypniewski, violons ; Sindy Mohamed et Paul Zientara, altos ; et Stéphanie Huang et Caroline Sypniewski, violoncelles) réunira, le 23 juillet à 20h, des œuvres majeures du genre, de Tchaïkovski (Souvenir de Florence), Graciane Finzi (Interférences) et Schönberg (Nuit transfigurée) ; avant le concert final et un retour à la voix, le lendemain, en compagnie de Marine Chagnon (mezzo-soprano), Bastien Rimondi (ténor) et Timothée Hudrisier (piano) dans un étonnant programme intitulé « Y’a d’la joie ! », de Ravel à Offenbach et de Bernstein à Richard Cocciante (le 24 à 20h). La programmation 2021 du festival est aussi marquée par une série de rencontres entre jeunes musiciens et des artistes de renom à l’image de Susan Manoff, Thomas Enhco, Romain Leleu et de membres du Quatuor Voce, mais aussi d’une oreille largement tendue à des œuvres de compositrices de toutes les époques (Pauline Viardot, Amy Beach, Jeanine Tesori, Meredith Wilson, Nicole Murphy, Edith Canat de Chizy, Carla Bley…) ainsi qu’à des partitions composées après 1980.

Jean Lukas