Danse - Entretien

Entretien avec Fabrice Guillot et Geneviève Mazin

Entretien avec Fabrice Guillot et Geneviève Mazin - Critique sortie Danse


Quel est le chemin qui vous a conduit à cette création, depuis la matérialité des parois ou de la recherche du sol (Juste sous mes pieds) à l’immatérialité de l’empreinte du mouvement dans l’air ?
Fabrice Guillot : C’est un aller-retour où l’on essaye de chercher la même chose entre un bâtiment de 20 étages et un faisceau lumineux. Pour nous, ce sont deux outils qui n’on rien à voir, mais qui nous permettent d’explorer la notion d’habiter, ou de prendre possession de l’espace. On a travaillé longtemps dans la relation à des objets durs, compacts, qui permettaient des appuis forts, qui permettaient de structurer le corps autour de cette matière. On continue à le faire quand on travaille dans l’espace public. Avec cette pièce, on a eu envie de se confronter à un état que je qualifierais de vertige, en choisissant des matières qui ne supportent pas l’appui, qui nous mettent en état de fragilité.
Geneviève Mazin : On s’est rendu compte que souvent, les gens percevaient nos pièces à travers des sensations, comme s’ils recevaient l’empreinte de quelque chose. Le spectateur ressortait avec quelque chose qui dépassait le simple souvenir, dans la transmission d’une sensation.
« On a eu envie de se confronter à un état que je qualifierais de vertige, en choisissant des matières qui ne supportent pas l’appui, qui nous mettent en état de fragilité. »

Est-ce une façon de rendre visible ce qui ne l’est pas ?
G. M. : C’est vrai que l’on souhaiterait que le spectateur reparte avec ce que nous vivons sur le plateau, et qui est difficilement explicable. L’idée de l’empreinte dans l’air est nouvelle. C’est relativement facile à aborder lorsque l’on se confronte à des objets résistants, mais cela change lorsque l’on est dans la résistance de l’air. J’imagine que l’on est dans de la pâte à modeler, et que l’on doit sculpter cette pâte à modeler. Le mouvement va donner une empreinte à cette pâte. On n’est pas si éloigné de l’idée de laisser sa trace dans l’espace. L’air devient presque palpable.
F. G. : On se place souvent dans des situations qui ne sont pas réalisables : dans Juste sous mes pieds, on s’est interrogé sur la façon de rentrer dans le sol. C’est sûr que l’on ne peut pas réussir, mais en même temps on nourrit une exploration, une recherche qui conduit à un spectacle. Dans Empreintes, on part sur un faisceau lumineux, avec la sensation de rentrer dedans, mais aussi de le faire vivre. Cette bande de lumière est sur les corps mais aussi sur les toiles. C’est le deuxième élément de décor que l’on a choisi.

Après la lumière, vous faites donc appel en deuxième lieu à des objets sur la scène ?
F. G. On travaille avec des bâches très légères, qui volent au mouvement, qui lui provoquent un écho, mais par retour le mouvement de cette bâche peut nous proposer un état de corps, une inspiration pour une autre danse. Il y a une espèce de respiration entre un déplacement du corps qui provoque un mouvement de la lumière et des bâches, et cet écho au mouvement peut devenir source d’inspiration.
G. M. : Il faut à la fois être manipulateur, et se laisser manipuler par elles. Il faut qu’on se les réapproprie et que de cela naisse la danse, dans un constant aller-retour entre les deux. C’est là que se situe la difficulté. Faire bouger la toile produit quelque chose de très beau, mais qu’est-ce que l’on devient à l’intérieur de ça ? Il faut faire le chemin inverse, et étudier ce qu’elle provoque, ce qu’elle nous renvoie, pour créer la danse.
Propos recueillis par Nathalie Yokel

Empreintes, de Geneviève Mazin et Fabrice Guillot, le 7 février à 10h et 14h30 et le 8 à 10h au Centre culturel d’Herblay, place de la Halle, 95220 Herblay. Tel : 01 39 97 86 60. Les 19, 21, 22 février à 14h, le 20 février à 14h30, et le 22 à 20h30, à l’Espace 1789, 2/4 rue Alexandre Bachelet, 93400 Saint Ouen. Tel : 01 40 11 50 23. Le 19 mars à 15h30 salle Malesherbes, 1 place de château, 78600 Maison Laffitte. Tel : 01 34 93 11 50. Le 27 mars à 14h, et le 28 à 10h et 14h à La Barbacane, place du 8 mai 45, 78650 Beynes. Tel : 01 34 91 06 58. Le 12 avril à 20h30 au Colombier, rue de la Ferme, 78200 Magnanville. Tel : 01 30 92 70 33.

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