Danse - Critique

Dunas

Dunas - Critique sortie Danse


Lui est l’un des représentants les plus emblématiques de la danse belge, savant mélange de virtuosité, d’invention et de spectaculaire. Elle est une des figures de proue du flamenco, affichant à son palmarès des collaborations avec Antonio Gadès, Mario Maya, Manolo Marin… Dunas est le spectacle de la rencontre entre ces deux fortes personnalités qui manient l’excellence de la danse chacun dans leur domaine. Un duo comme une rencontre au sommet écrite avant tout dans l’esprit d’un dialogue plus que dans l’idée d’une fusion des genres. Qu’avaient en commun ces deux-là pour mettre en scène leur rencontre ? Il faut probablement chercher du côté du Sud, matérialisé par le sable, les dunes, le vent chaud qui souffle et agite les voiles… le Sud dont le flamand est originaire, marocain par son père, et que la danseuse fait vivre d’un flamenco affirmé. La scène s’ouvre sur un plateau dessiné de voiles aux couleurs beiges chaudes et douces. Les tissus suspendus habitent l’espace et habillent les danseurs, jouant des apparitions et des disparitions, de l’ombre et de la lumière. Les deux danseurs se découvrent d’abord, se jaugent, commencent par engager leurs mains dans une danse commune. La question de l’être ensemble restera centrale durant tout le spectacle : avec deux corps aux techniques et langages si différents, comment trouver un terrain d’entente et d’accomplissement ?
 
Deux façons d’habiter une rencontre
 
Maria Pagés joue le rôle de la maîtresse-femme, entraînant le danseur dans un jeu de séduction. Sidi Larbi Cherkaoui prend plaisir à se glisser dans ses volutes, dans les arabesques de ses bras, dans le rythme de ses pas. Elle ne démord pas de son style impeccable, racé, tandis que lui s’amuse du style pour l’incorporer. Son corps de liane répond aux accents du flamenco avec délectation et intelligence. Au final, c’est Maria qui se trouve esseulée dans ce paysage désertique, trop encombrée par la beauté stéréotypée de son art, tandis que Sidi Larbi Cherkaoui évolue en montrant toute sa palette expressive : dans un astucieux jeu de projections, il dessine dans le sable un décor animé réfléchissant avec humour et clins d’œil ses propres préoccupations. Dunas a la puissance des spectacles bien léchés, entraînant le spectateur dans une spirale de musique, de formes, de couleurs et d’odeurs. La danse y trouve une place essentielle et parfaitement maîtrisée, tant qu’elle laisse de côté l’illusion de la communion.
 
Nathalie Yokel

Dunas de Sidi Larbi Cherkaoui et Maria Pagés, du 21 au 23 avril à 20h30 à la Grande Halle de La Villette, Parc de La Villette, 211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris. Tel : 01 40 03 75 75.

Spectacle vu au festival Vaison Danses 2010

A propos de l'événement




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