C’est elle qui accueille le public, penchée sur une guitare, reprenant quelques petites notes de Romance. Est-ce déjà pour signifier la belle relation de sa danse à la musique, ou d’elle-même à Santiago Lara, magistral musicien ? Lorsque celui-ci arrive, elle lui transmet sa guitare, et peut ainsi déployer son corps, immense de virtuosité. Mercedes Ruiz porte le noir et la douleur de cette première séquence à fleur de peau, magnifiée dans une robe couleur Soulages qui l’enserre. Mais au contraire de se verrouiller, elle dégage intensément ses bras, joue de la courbe de son dos dans un ploiement vertigineux, et manipule sa longue et lourde traine à volants par ses tours et ses jeux de jambes véloces. Le placement de son corps, extrêmement précis, produit tout de suite d’intenses images, et c’est avec la même minutie qu’elle semble se fondre dans la musique, quand chaque rythme, chaque soubresaut des doigts de Santiago Lara se lit et se lie dans ses gestes. Ensuite, c’est le musicien qui vient lui transmettre une paire de castagnettes. L’occasion d’un solo, accompagné par des images anciennes projetées sur le mur, où elle convoque d’autres références, et où là encore, sa précision rythmique affole.
La Loïe Fuller du Pico
Tout au long du spectacle, Mercedes Ruiz va jouer avec les incarnations de sa propre féminité. Sublime en robe longue doucement colorée et boléro seyant, elle fait de son Pico l’instrument de sa danse. Le châle brodé virevolte autour et au-dessus d’elle, elle s’en enveloppe, s’en détache avec force, l’entraîne de nouveau dans des tournoiements. Radieuse, elle semble avoir mis sa pensée dans chaque frange qui tourbillonne et se replace avec précision. Ici, point de fanfreluche, tout a sa place dans une danse loin d’être superficielle, puissamment habitée. Dual nous offre le sentiment du beau, du fort, du profond. Le lien avec la musique et avec la présence de Santiago Lara est le vrai fil rouge du spectacle jusqu’à sa dernière apparition, en pantalon, veste et chapeau d’homme, qui montre la force de son zapateado et fait trembler les planches. Provocante, souriante, elle toise du regard son partenaire et le public avec, jusqu’à l’ultime image, comme un bel accord partagé sur la guitare du musicien.
Nathalie Yokel
à 11h40, relâche les 12, 19 et 26 juillet. Tél. : 04 84 51 24 34.
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