Danse - Critique

Drumming Live d’Anne Teresa De Keersmaeker

Drumming Live d’Anne Teresa De Keersmaeker - Critique sortie Danse Paris La Villette


La Villette / Festival d’Automne à Paris / Chor. Anne Teresa De Keersmaeker

Orange. Teinte de la vitalité, de l’énergie et de la joie de vivre. Intense. Explosive. Teinte de Drumming, ponctuée néanmoins de blanc – pour l’éclat et la transparence – et de noir « complémentaire ». La scénographie et les costumes, signés respectivement Jan Wersweyveld et Dries van Noten, annoncent la couleur ! Un simple coup de bongo va déclencher toute la pièce, se répercuter en accumulations, éclatements, inversions, décalages… La musique de Steve Reich (créée en 1971), qui donne son nom à la pièce, est une démonstration magistrale de composition dite « répétitive », ici sous l’excellente direction de Georges-Elie Octors avec l’Ensemble Ictus. Magistrale, la chorégraphie l’est tout autant. Composée sur une seule phrase de deux minutes, issue de Just Before, la bien nommée pièce d’avant, c’est à un procédé semblable à celui de la musique que se livre Anne Teresa De Keersmaeker. Immédiatement, le spectateur est emporté par ce flux de motifs rythmiques d’unissons en déphasages, d’accélérations en irruptions, dans un tourbillon jubilatoire.

Liberté et simplicité

Tandis que la partition se déploie à vue en suivant les différentes textures des percussions (peau des bongos, bois des marimbas, métal des xylophones) et finalement la flûte et la voix, les danseurs suivent une course folle, pourtant réglée au millimètre, où la fameuse phrase chorégraphique se transmue par toutes sortes de manœuvres : à l’envers, en miroir, en rétrograde, en se resserrant, en canon… à partir de la figure centrale et chère à la chorégraphe de la spirale. L’imagination formelle d’Anne Teresa De Keersmaeker semble, dans Drumming, inépuisable. En rendant sensible l’écriture même de la partition, la chorégraphe transpose la rigueur de l’écriture musicale vers la géométrie des déplacements. L’abstraction voulue du mouvement dansé est tempérée par le jaillissement vital de cette dynamique incessante. La gestuelle s’élance avec une légèreté, une liberté de formes et un foisonnement extraordinaire. Elle fait transparaître une forme de miroitement pulsatile, sorte de rythme émanant de l’écoute abandonnée de la musique, et la retranscrit dans l’espace qui semble, le temps d’un battement, se dilater. Mais le plus étonnant reste cette impression de simplicité et de lisibilité, et le sentiment de bonheur qu’elle suscite.

Agnès Izrine

A propos de l'événement


Drumming Live d’Anne Teresa De Keersmaeker
du jeudi 26 novembre 2020 au dimanche 29 novembre 2020
La Villette
211 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris

Du jeudi au samedi, dimanche à 15h. Tél. : 01 40 43 75 75. Durée : 1h. Vu en mai 2013 au Théâtre de la Ville. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.


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