Théâtre - Critique

Déshonorée

Déshonorée - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point


Théâtre du Rond-Point / de Gonzalo Demaría / mes Alfredo Arias

Il dit de lui-même qu’il est « un enfant du cinéma qui a été piégé dans le théâtre ». Un enfant né dans la banlieue de Buenos Aires, en 1944, qui s’installa à Paris en 1969 et fut à l’origine, avec le Groupe TSE, d’une des aventures théâtrales les plus singulières des années 1970 et 1980. Aujourd’hui, avec son complice René de Ceccatty (qui cosigne l’adaptation du texte commandé à l’auteur Gonzalo Demaría), Alfredo Arias revient sur le passé de son pays natal à travers le destin d’une icône oubliée : l’actrice Fanny Navarro. Star du cinéma argentin des années d’après-guerre, la comédienne était l’amie d’Eva Perón et la maîtresse de son frère, relations qui lui furent reprochées après la chute du régime péroniste. C’est cette mise en accusation que relate Déshonorée, à travers le face-à-face de la vedette déchue (interprétée par Alejandra Radano, une fidèle du metteur en scène) et d’un certain Capitaine Gandhi (interprété par Marcos Montes), personnage trouble qui fait procéder, en pleine nuit, à son arrestation. S’ensuit une plongée en noir et blanc dans les tourbillons de l’histoire argentine. Entre confidences biographiques et extraits de chansons. Salle d’interrogatoire et salle d’opération. Panoramas intimes, artistiques et politiques.

 Fanny Navarro, une star oubliée

On est loin de la fantaisie rieuse des cabarets qu’a pu présenter, par le passé, Alfredo Arias (notamment au Théâtre du Rond-Point et au Théâtre du Petit Montparnasse*). Déshonorée est beaucoup plus obscure. Plus âpre et plus secrète. Soucieux de rendre hommage à celle qu’il considère comme l’une « des victimes des vertiges idéologiques » de l’Argentine, le metteur en scène (et scénographe) crée une représentation aux lignes géométriques, faite de découpes de lumière picturales, d’ombres portées, de déplacements chorégraphiques. Seul élément de décor de cette proposition d’un dépouillement radical : une grande table, installée au centre du plateau, qui constitue l’unique point d’appui de l’espace scénique. C’est sur elle que la talentueuse Alejandra Radano s’allongera, en fin de spectacle, tenant dans ses mains le crâne de son amant. C’est également sur cette table que Marcos Montes exprimera les dérives intérieures de son personnage. Affirmant, de scène en scène, une densité confinant au mystère, Déshonorée nous tient par la présence belle et grave d’Alejandra Radano. Une présence qui nous guide dans l’imaginaire complexe et mélancolique d’Alfredo Arias.

* La Terrasse n° 202 – octobre 2012 ; n° 173 – décembre 2009.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Déshonorée
du vendredi 20 mai 2016 au dimanche 19 juin 2016
Théâtre du Rond-Point
2 Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h. Le dimanche à 15h30. Relâche les lundis, ainsi que les 24 et 25 mai. Tél. : 01 44 95 98 21. Durée de la représentation : 1h20. www.theatredurondpoint.fr.


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