Danse - Critique

… de bon augure de Thomas Lebrun

… de bon augure de Thomas Lebrun - Critique sortie Danse Tours Centre Chorégraphique National de Tours


Tournée en cours/Chorégraphie Thomas Lebrun

Ecouter ses désirs et aller à l’essentiel : c’est ce qu’a fait Thomas Lebrun dès lors qu’il a pu reprendre le chemin des studios. Alors pourquoi ne pas créer une pièce qui réunisse – au-delà de trois de ses fidèles interprètes autour de lui – ses trois passions que sont les oiseaux, la musique et la danse ? Posée là sans prétention, la pièce recèle de moments de grâce qu’il faut savoir observer, contempler, au gré des musiques choisies pour nous guider dans un imaginaire construit autour des volatiles. La voix troublante d’Anthony & the Johnsons ouvre un quatuor fait de subtiles avancées, dont les danseurs quittent lentement la neutralité pour flotter, se balancer au vent, et se laisser contaminer par une gestuelle plus référencée. Quelques mouvements de poignet, de cou, des gestes qui picorent l’espace, et nous voilà transportés dans un tout autre imaginaire. Voici venir le Rossignol du bois joli, et le corps sautille, explore l’attente puis la soudaineté d’un micro-mouvement. Le chorégraphe en profite pour phaser sa danse dans de beaux canons, et libérer le geste en coïncidence totale avec la musique.

On passe du rire aux larmes, de la musique savante à la musique populaire, de la variété à la danse contemporaine…

Car c’est bel et bien la playlist qui donne le ton du spectacle, balayant des siècles de compositions-hommages à la figure de l’oiseau, frôlant parfois le grand écart, mais absolument pas le carton rouge. Mention spéciale à la silhouette de Thomas Lebrun qui, en ombre chinoise, ne laisse aucun doute quant à l’entrée en scène d’une Nana Mouskouri des plus savoureuses. Accompagnée de ses « boys » qui s’en donnent à cœur joie, elle en laisse un échapper, qui, de sa fesse frétillante, enchaînera sur une Mort du cygne bouleversante. Avec … de bon augure, on passe du rire aux larmes, de la musique savante à la musique populaire, de la variété à la danse contemporaine, mais avec le sérieux et le respect des figures qui traversent la pièce. C’est finalement ce qu’a toujours fait le chorégraphe, qui aime convoquer dans sa danse autant de fantômes et d’inspirations, donnant à son abstraction comme à ses fantaisies toute leur épaisseur. Des profondeurs qui nous happent, dans le paradoxe d’une apparente légèreté, portée par la vive couleur des costumes et de la lumière qui habillent ces quatre oiseaux de paradis.

Nathalie Yokel

Spectacle vu au Centre Chorégraphique National de Tours.

A propos de l'événement


… de bon augure
du lundi 5 octobre 2020 au mercredi 7 octobre 2020
Centre Chorégraphique National de Tours
47 rue du Sergent Leclerc, 37000 Tours.

Tél. : 02 18 75 12 12.


Tournée en cours.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Classique / Opéra - Agenda

Le Tour d’écrou et La Mort à Venise : Britten s’invite à l’Opéra de Lorraine et l’Opéra du Rhin.

Benjamin Britten est à l’honneur avec deux [...]

Du vendredi 12 février 2021 au 20 février 2021
  • Théâtre - Critique

Ne pas finir comme Roméo et Juliette de Samuel Hercule et Métilde Weyergans

Mélancolique, poétique, politique… Pour leur [...]

Du vendredi 16 octobre 2020 au 17 octobre 2020
  • Danse - Gros Plan

Variation(s) de Rachid Ouramdane

Aux Abbesses, le chorégraphe réunit deux de [...]

Du mardi 3 novembre 2020 au 7 novembre 2020