David Chevallier : Nouveaux standards de qualité

D’un projet à l’autre, David Chevallier ressurgit soudain là où il n’était pas question de l’attendre, bousculant ses propres repères en s’imprégnant d’univers forts pour réinventer sa propre musique, enrichir et faire avancer son langage. On se souvient de son hommage aux poèmes de Cesare Pavese (« The Rest Is Silence » ), de ses relectures de chansons de pop music (« Is That Pop Music ») ou de ses « Gesualdo Variations » nourries de musique baroque. Et bien oublions de Chevallier tout ce que l’on savait pour ne retenir que l’essentiel : le vertige du risque, ses recherches timbrales (d’abord appliquées à son instrument mais aussi aux musiciens avec lesquels il travaille), une visible hantise de s’ennuyer, et son art du casting. Cette mobilité artistique qui est sa griffe permet à David Chevallier de continuer à surprendre dans un nouveau projet qui pourtant puise à la source la plus banale qui soit, celle des standards de jazz, qui devient soudain ici un terrain de jeu aménagé dans une formule reine du jazz, en trio avec Sébastien Boisseau à la contrebasse et Christophe Lavergne à la batterie.

Processus de transfiguration

« Le jazz n’est pas tant un idiome bien défini qu’une façon de jouer de la musique, avec liberté et inventivité. Mais après tous ces mélanges stylistiques, j’ai réalisé que je n’avais jamais conçu de programme consacré à ce qui est l’une des fondations du jazz : les fameux standards » explique le guitariste. « Bien sûr, ces mélodies sont vues à travers mon prisme personnel, chaque chanson stimulant mon imaginaire à sa façon. Le procédé reste finalement le même, que je m’attaque à un madrigal de Gesualdo, à un tube des Beatles, un air de Dowland, ou une chanson de Cole Porter : quelque chose d’indicible déclenche le processus de transfiguration, la création de l’avatar ». Une réussite fidèle à la fois à l’essence du jazz et au sixième sens de son auteur.
J.L. Caradec