Danse - Entretien Carolyn Carlson

Danser pour ouvrir la perception

Danser pour ouvrir la perception - Critique sortie Danse Paris CARTOUCHERIE


June Events / chor. Carolyn Carlson

Que représente le festival June Events pour vous aujourd’hui ?

Carolyn Carlson : C’est un moment merveilleux, car il repose sur la transmission. Il rassemble des chorégraphes qui font figure de « maîtres », avec un long parcours derrière eux – Benoît Lachambre, Rosalind Crisp, Daniel Abreu… – et une génération émergente : j’ai découvert avec enthousiasme les compagnies repérées par Anne Sauvage, directrice générale de l’Atelier de Paris, qui co-signe la programmation du festival depuis 2008. La renommée des uns favorise la visibilité des artistes plus jeunes, qui sont actuellement confrontés à de vraies difficultés pour présenter leurs créations. Plusieurs de ces compagnies sont accompagnées tout au long de l’année par l’Atelier de Paris, qui leur propose un lieu de travail, un soutien moral et financier, des conseils, une mise en réseau… Le festival est aussi le moment où ce travail souterrain s’expose au grand jour. Cet espace de transmission me renvoie à mon propre parcours : j’ai rencontré Alwin Nikolais à l’université avant de rejoindre sa compagnie à New York ; tous les mois, il donnait aux jeunes danseurs l’opportunité de présenter leur propre travail en public, à la Henry Street Playhouse. C’est dans ce cadre que Nik m’a dit : « Je pense que tu es chorégraphe… »

« La renommée des uns favorise la visibilité des artistes plus jeunes. »

Qu’est-ce qui, dans le travail de cette « génération émergente », suscite particulièrement votre curiosité ?

C. C. : Je suis transportée par un solo comme celui de la chorégraphe slovène Daša Grgič, un mystère où l’on ne sait plus où est l’avant, l’arrière, où tous les repères se suspendent ; ou encore par le travail incroyable des Italiennes Martina La Ragione et Valentina Buldrini… J’attends la création, entre France et Mexique, de Kubilai Khan Investigations, dont l’ouverture et l’énergie sont magnifiques, et celle de la chorégraphe libanaise Danya Hammoud, tout en puissance intérieure (coproduction nationale des Centres de développement chorégraphique, qui sera créée pour l’ouverture du festival). Je suis heureuse de retrouver le travail de Tomeo Vergés, entre la danse et le théâtre. Et impatiente de découvrir les compagnies dont je n’ai pas encore pu voir le travail…

Vous-même présentez Dialogue with Rothko

C. C. : Ce solo part d’une toile de Mark Rothko, Black, Red over Black on Red. On peut y lire une vibration des couleurs, une harmonie incroyable, mais aussi une angoisse. Je ne pense pas qu’il y ait de l’angoisse dans mon solo, mais il y a sans doute, comme me l’a dit une spectatrice, un cœur d’ « ambiguïté ». Je crois qu’elle a perçu l’essentiel… C’est tout l’enjeu de la danse : ouvrir la perception de celui qui danse, comme de celui qui regarde. Et c’est cela aussi qui me plaît tant dans June Events : à l’écart de la ville, la danse se donne à voir dans un cadre qui nous ouvre, qui nous invite à respirer autrement. La danse devient l’occasion de reconnecter notre corps à la nature, au ciel et aux arbres…

Propos recueillis par Marie Chavanieux

A propos de l'événement


du mercredi 4 juin 2014 au jeudi 5 juin 2014
CARTOUCHERIE
Route du Champ de Manoeuvres, 75012 Paris, France

Mes mains sont plus âgées que moi, de Danya Hammoud, à 19h30, et Dialogue with Rothko, de Carolyn Carlson, à 21h, les 4 et 5 juin. En ouverture du festival June Events, Cartoucherie (Paris 12e). Tél. : 01 417 417 10.


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