Coup double avec Preljocaj

Les deux programmes se succèdent mais ne se ressemblent pas ; et c’est ce qui constitue aussi la particularité de l’œuvre du chorégraphe, capable de grands ballets narratifs tels Romeo et Juliette ou Blanche Neige, comme de pièces abstraites façon Empty Moves. Ici, La Villette donne le choix. Sa Blanche Neige reprend les fondements du conte des frères Grimm, et l’on s’attache à cette jeune fille dont on suit l’évolution depuis l’enfance, dans un univers visuel marqué. La collaboration avec Thierry Leproust pour la scénographie et le grand couturier Jean-Paul Gaultier pour les costumes n’y est pas pour rien. Face à la force des images et des personnages, le chorégraphe n’en oublie pas moins la puissance de son geste, ancré dans la violence comme dans la sensualité.

Une nature bien vivante

Mais avant cela, on aura goûté à la soirée composée qui accueille le fameux Helikopter, pièce de 2001, et le confronte à la dernière création d’Angelin Preljocaj, Still Life. Helikopter est une pièce qui résonne longtemps après l’avoir vue. Pas seulement par la musique, une composition de Karlheinz Stockhausen, mais aussi par la danse, qui ne disparaît pas derrière la puissance sonore mais s’en nourrit pour mieux nous secouer. Quelle correspondance avec Still Life – ou nature morte, en anglais – qui aurait pu en rester à la tranquillité induite par son titre, mais qui ne résiste pas aux variations frénétiques ! Dans ses emportements, cette pièce est bel et bien profondément vivante, et explore le thème des Vanités et la question de la vie et de la mort dans la figuration des passions humaines comme dans les métaphores visuelles.

Nathalie Yokel