Combat avec l’ombre

Après la débâcle des dix-huit jours et l’invasion éclair de la Belgique par l’Allemagne nazie, deux jeunes gens se retrouvent pour faire de l’escalade sur le rocher de Freyr. Le premier, double à peine voilé de l’écrivain Henry Bauchau, suit le second, Stéphane, qu’il admire sans s’avouer qu’il l’aime. Stéphane, courageux et intrépide, s’engage le premier dans la résistance. Arrêté et torturé, il est exécuté par l’armée d’occupation, et son corps est retrouvé noyé dans un étang. Son ancien compagnon de cordée entreprend alors une enquête, pour élucider ses derniers instants, et comprendre enfin que son amour silencieux pour le téméraire était partagé.

La parole et le geste

Sur scène, un acteur et un circassien, pour incarner le narrateur, homme de parole, et Stéphane, héros de la geste résistante. La roue Cyr, technique de cirque, permet de rendre compte du vertige et du déséquilibre de ces deux destins, et du caractère tragique de leur amour consumé. « Je souhaitais qu’il y ait un artiste dont la pratique est liée à la parole, et un artiste dont la pratique est liée au corps. Ils racontent tous les deux, à leur manière, avec leur corps et leur voix, l’histoire. Pour la mise en scène, l’idée était de faire advenir le récit, comme s’il était improvisé. », dit le metteur en scène Frédéric Dussenne, qui a choisi de traiter avec délicatesse et pudeur cette parabole subtile des complexes entrelacs de la mort, de la mémoire et du désir.
Catherine Robert