« La thématique de la fratrie est à l’œuvre dans plusieurs de mes dernières pièces. Sous des formes différentes, le sujet est très présent dans des textes comme Trois femmes descendent vers la mer, L’Envolée ou Ma mère qui chantait sur un phare » relève l’auteur, non sans mettre l’accent sur ce qui, dans cette veine créatrice, fait la spécificité de Combat : « il m’apparaît que le sacrifice, vieux sujet de la littérature dramatique, traverse toute la pièce ». Sur le fond de cette lutte des classes dont Gilles Granouillet aime réactiver l’âpre actualité, persuadé que cette histoire n’est décidemment pas tout à fait finie, il met en scène, trois combattants soulevés par le sens de la vie même jusqu’à l’ultime sacrifice. Le tragique imbroglio familial se noue autour d’une fête organisée par le fils aîné à l’occasion du départ à la retraite de la mère, ouvrière aux abattoirs. Une fête qui ne saurait être sans la présence de sa fille dont la réussite bourgeoise fait la fierté maternelle mais dont la venue est arrachée de haute lutte. Pris dans cette dimension sociale, les rapports familiaux font simultanément jouer les puissants ressorts du champ psychanalytique pour donner forme à un signifiant thriller dramatique contemporain.
Des acteurs absolument convaincants
La manière dont le texte intrigue avec autant de subtilité que de brutalité est rendue perceptible grâce à la grande qualité de la mise en scène à laquelle répond celle du jeu des acteurs. Le dispositif scénographique joue de la puissance évocatrice de l’objet érigé en symbole. L’omniprésence fantomatique de la mère sacrificielle, par exemple, trouve à la perfection dans ce cochon suspendu aux cintres, médaillé pour la circonstance et comme inamovible, sa traduction scénique expressionniste. Rien n’est superflu. Tous les modules font sens en jouant sur divers tableaux, comme les comédiens (Jacques Descorde dans le rôle du fils, Anna Andreotti dans celui de la belle fille et Astrid Cathala dans celui de la fille) jouent avec brio de tous les registres dramatiques opportunément offerts par la pièce. Le metteur en scène s’est également souvenu qu’à toute tragédie, il fallait un témoin. Il l’a trouvé en la personne d’Erwann Daouphars, comédien aux dispositions chorales.
Marie-Emmanuelle Galfré
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