Classique / Opéra - Entretien

Christophe Grapperon

Christophe Grapperon - Critique sortie Classique / Opéra


Claude Terrasse, compositeur très important dans le domaine de l’opérette française, reste peu connu…
 
Christophe Grapperon : La notoriété de Claude Terrasse me fait penser à celle des compositeurs qui amènent un genre ou un style musical à son paroxysme. Après lui, on ne compose plus comme lui. De son vivant déjà, la distance croissante entre ses contemporains et sa vision artistique de l’opérette est palpable, il s’en émeut mais ne peut rien y faire. J’aime de plus en plus chez lui une sorte de grand paradoxe que je résumerais grossièrement par quelques oxymores : il est simplement génial, sérieusement drôle, avant-gardiste du passé, précisément rhapsodique…
 
« Cette apparente simplicité cache un art d’une extrême subtilité et exigence.  »
 
Comment présenter La Botte secrète en quelques mots ?
C. G. : Dans la musique ce cet ouvrage, on retrouve tout ce qui fait le style de Terrasse : la valse, les lignes mélodiques brisées, l’emprunt discret à la modalité, une prosodie savamment naturelle.  Il parvient ici à une fluidité que je trouve exceptionnelle entre l’élégance, l’efficacité, la référence, la concision, la théâtralité… On sent aussi la remarquable complicité entre Terrasse et son librettiste Franc-Nohain. Après La Fiancée du Scaphandrier et Au Temps des croisades, ils parviennent avec La Botte secrète à un chef-d’œuvre d’équilibre entre la musique et le texte, entre la poésie et l’humour.
 
Quelles sont les enjeux artistiques et interprétatifs spécifiques liés au fait d’aborder un tel ouvrage?
C. G. : Je trouve que Terrasse ressemble à Mozart : il n’y a pas une note dont on se dise qu’elle n’est pas à sa place. Sa musique paraît évidente. Mais cette apparente simplicité cache un art d’une extrême subtilité et exigence. La musique de Claude Terrasse demande beaucoup de précision, de nuances et d’équilibre, tout en restant espiègle et amusé ! La grande difficulté pour les chanteurs est d’être tout autant musicien que conteur : faire comprendre autant le texte que la musique.
 
 
Quelle sera votre approche de l’ouvrage avec le metteur en scène Pierre Guillois ?
C. G. : J’ai l’impression d’avoir travaillé avec Pierre Guillois (et avec son assistante Stéphanie Chêne) à la manière de Claude Terrasse avec son librettiste, dans une très grande écoute mutuelle rendue possible par une décontraction et un respect constant dans nos relations, alors même que les enjeux artistiques et les moyens pour y parvenir n’ont jamais été bradés. Nous avons choisi d’avoir une approche la plus "authentique" possible : pas d’effets autres que ceux que le texte et la situation demandent, en s’appuyant uniquement sur ce que nous disent les personnages. On connaît le soin méticuleux que Terrasse mettait à noter le phrasé, les nuances, les modes de jeux… Cela nous incite à avoir avec la musique la même posture interprétative qu’avec le texte.
 
 
Propos recueillis par Jean Lukas.

Du 16 décembre au 8 janvier à l’Athénée Théâtre-Louis Jouvet. Tél 01 53 05 19 19. Places : 9, 50 à 43 €.

A propos de l'événement




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