Théâtre - Entretien

Chassez le naturel

Chassez le naturel - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Bastille


Théâtre de la Bastille / Bailly, Rousseau / mes Jacques Bonnaffé

La question de la nature est-elle au centre de vos derniers travaux ?

Jacques Bonnaffé : Aujourd’hui, on est conscient de la nécessité de s’occuper de la nature, et en même temps, on n’en peut plus des intégristes de la nature. Autant on ressent l’urgence d’agir, autant la question du rapport de l’homme à la nature est tissée d’un complexe jeu de contradictions. Dans cette lignée, Rousseau apporte un témoignage idéaliste qui peut paraître aujourd’hui très éloigné de nous. 

« L’idée est qu’il faut dégager Rousseau. »

Quel traitement faites-vous de son œuvre ?

J.B. : Tout est dans le titre et ses sous-entendus. Avec légèreté et humour, avec beaucoup de respect aussi et de temps passé à le comprendre, l’idée est qu’il faut dégager Rousseau, qu’on ne peut pas aborder la question de la nature sous cet angle dévot. En même temps, existent des choses étourdissantes chez Rousseau, qu’on apprend par cœur pour en saisir quelque chose. Il a soulevé des questions très importantes, par exemple dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, où la question de l’état de nature est certainement la plus importante.

Votre spectacle est-il une suite de Nature aime à se cacher présenté l’année dernière ?

J.B. : Effectivement, il s’appuie sur les textes de Jean-Christophe Bailly qui nous avaient servi de support l’année dernière, mais de manière amplifiée. Je crois que l’acteur porte une responsabilité, exerce un devoir de transmission pour apporter de nouveaux éclairages, mais pas comme le feraient un professeur ou un conférencier. C’est pour cela que j’essaye de multiplier les interlocuteurs, pour varier les angles des interrogations. Chez Bailly, il y a ainsi une part fiévreuse d’animisme, quelque chose qui réagit à Heidegger affirmant que l’animal n’a jamais pensé. Bailly défie ainsi les représentations contemporaines de la nature et dit que les dieux sont là, comme ces animaux qui sont sous nos yeux et qu’on ne voit pas. Il revendique parallèlement que « la pensée des hommes est pleine de bêtes ».

Comment portez-vous tout ce matériau au plateau ?

J.B. : Dans ce duo dansé, nous tentons de nous glisser dans notre part animale et instinctive. On est sur un plateau nu, avec une lisière. Cette notion de lisière est très présente en nous. Nous sommes ainsi fidèles à l’indication de Bailly qui se référant à La Chasse d’Uccello affirme : les animaux sont là où on les voit : entre les arbres.

Propos recueillis par Eric Demey.

A propos de l'événement


Chassez le naturel
du mardi 14 mai 2013 au mercredi 5 juin 2013
Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, 75011 Paris.
Du 14 mai au 5 juin, relâche les 18, 19, 20, 27 mai et 3 juin. Tél : 01 43 57 42 14

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