Théâtre - Entretien

Célie Pauthe

Célie Pauthe - Critique sortie Théâtre


« Fréquenter cette foi dans la résilience grâce à l’imagination et à l’art est un vrai plaisir. »

Nilo Cruz, l’auteur de Train de nuit pour Bolina, est assez peu connu en France.

Célie Pauthe :  Ce qui m’a touchée dans cette œuvre, c’est la manière dont l’auteur place l’imagination au cœur des destins. J’ai découvert Train de nuit  grâce au Comité de Lecture du Théâtre de Sartrouville. Je me devais de mettre en scène cette histoire à raconter aux enfants.

Quelles sont les raisons de ce choix ?

C. P. : La première raison est liée aux scènes «  de cimetière ». Train de nuit pour Bolina est l’histoire de deux enfants qui vivent dans une campagne d’Amérique Latine, traversée par la misère, la sécheresse et la guerre civile proche, des conditions à la fois familiales et sociales extrêmement violentes. Or, la seule consolation à laquelle les enfants ont recours, le seul havre de paix et de joie qu’ils s’inventent, c’est un jeu de rôles entamé avec les morts sur les tombes du petit cimetière, à l’orée du village. Le défi est de se dire qu’on pourrait se consoler des vivants avec les morts. Une situation éminemment théâtrale. Cette façon de parler de la mort fait montre de sincérité et sensibilité. On a puisé dans l’iconographie de la Fête des Morts de la culture mexicaine pour la mise en scène. En outre, l’auteur confronte les enfants à des situations inextricables et désespérées en leur apportant une aide et en leur fournissant des armes. Ainsi s’affirme la confiance absolue dans l’imaginaire, dans le « si » magique du pouvoir théâtral, à la façon de Stanislavski. Fréquenter cette foi dans la résilience grâce à l’imagination et à l’art est un vrai plaisir.

Dans l’amour, une dimension quasi-mythique, se trouve aussi la sauvegarde…

C. P. : Les deux enfants vont découvrir la force du lien amoureux et dessiner, à travers les épreuves rencontrées, un chemin initiatique vers un amour à la Roméo et Juliette. Ils en arrivent à imaginer qu’il faut passer par la mort peut-être pour se retrouver. Il faut entendre l’âme des morts pour parvenir à briser la séparation imposée par l’extérieur et la morale religieuse qui maintient le corps dans l’état du péché. La petite fille se dit que si son corps n’existait plus, peut-être la laisserait-on vivre cet amour. La difficulté vient de ce que l’histoire se tient sur la frontière entre l’irrationnel et le réel. Les enfants s’amusent avec la mort, ils ne meurent pas pour autant. Ils jouent sur cette corde onirique qu’ils acceptent pleinement.

 

Véronique Hotte


Train de nuit pour Bolina, traduction de Séverine Magois ; mise en scène de Célie Pauthe. À partir de 9 ans. Le 9 mai 2012 14h, le 12 mai 15h (tout public). CDN d’Aubervilliers- La Commune Tél : 01 48 33 16 16.  www.theatredelacommune.com Le 26 mai à 14h 30 et 20 h au TNT Toulouse. Tél : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com Durée : 1 h.

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