Ce qu’il faut dire, de Stanislas Nordey

Stanislas Nordey avait déjà souhaité porter un texte de Léonora Miano sur scène. Celle-ci avait refusé parce qu’elle souhaitait que ce soit une personne noire qui s’en empare. Cela dit sa vision de la dimension politique de son travail. Ce qu’il faut dire, l’autrice l’a conçu comme un récital, qu’elle a déjà elle-même interprété sur scène, un spectacle qu’elle a conçu en trois parties. La première questionne les désignations noir/blanc. La seconde traite de la colonisation. La troisième instaure un dialogue entre la narratrice et un personnage incarnant une génération plus ancienne, qu’interprétera Gaël Baron.

Engagée sans être militante

Océane Caïraty, Ysanis Padonou et Mélody Pini sont, elles, toutes trois issues de la promotion 44 de l’école du TNS, sortie en 2019. Elles sont toutes trois afropéennes, pour reprendre la terminologie créée par Leonora Miano. Stanislas Nordey les a choisies pour porter ces questionnements, bien sûr pour la couleur de leur peau, mais aussi parce que ce sont, suivant ses mots, des « actrices magnifiques ». L’écriture engagée de Leonora Miano est autant poétique que politique. Pleine d’humour, engagée sans être militante, estime-t-il. Prêtant à la réflexion, jamais donneuse de leçon et joyeuse. Elle questionne, portée par ces trois jeunes interprètes, la position de la France dans un Théâtre National. Entrelacement de voix singulières et de moments choraux accompagné par une percussionniste, c’est un moment de théâtre bien particulier qui s’avance.

Eric Demey