Ce dont nous sommes faits

De la matière des corps au corps de la revendication : dans un joyeux éclectisme, Lia Rodrigues s’attaque aux questions fondamentales. Comment reconnaît-on un corps ? Comment le regarde-t-on ? Dans Ce dont nous sommes faits, le corps des danseurs est toujours à construire, à reconstruire, à détourner. Le spectateur perd ses repères face à ces étranges matières vivantes, dont la métamorphose a quelque chose d’hypnotisant. Le corps nu, loin de se révéler, devient plus opaque, plus trouble. La partie « vêtue » de la pièce, quant à elle, explore d’autres usages du corps, dans une ambiance de combat social et de revendication : pour quoi est-on prêt à « faire corps » dans notre société ? Le corps du spectateur ne sort pas indemne de l’expérience : le public, mobile et proche des interprètes, reconfigure tout au long de la pièce son espace et son rapport à la danse.

Marie Chavanieux