Caida del Cielo

Rocio Molina condense à elle seule tout un paradoxe : biberonnée au flamenco, enfant prodige mais peaufinant tout de même son art aux conservatoires de Malaga et de Madrid,  interprète très jeune dans la compagnie de Maria Pagès, elle aurait pu être une de ces gardiennes du temple flamenco. Au contraire, elle a choisi le contrepied total, loin des soirées flamenca de sa jeunesse. Sa dernière création prouve encore que le sujet est inépuisable lorsqu’il s’agit de faire du flamenco un langage plus contemporain que folklorique. Elle ouvre le spectacle par une étude des sons produits par sa danse même, du seul souffle aux glissements des pieds, montrant qu’il n’est pas de silence même sans musique. C’est une parenthèse avant l’orage, puisque la suite est un enchaînement de tableaux où la danseuses fait fi des codes, à la limite de la dérision, tournant en ridicule les clichés sexistes, mettant en scène sa propre mort, où se libérant dans une expression festive.

N. Yokel