Born to be a live Au Manège de Reims, une programmation audacieuse

Pour sa cinquième édition, le festival monté au Manège de Reims nous embarque vers des paysages chorégraphiques protéiformes, qui font la part belle à la jeune création contemporaine. On y découvre Here and now, la performance participative de la Suissesse Trân Tran, teintée de fantaisie et d’humour. Dans cette pièce décalée, ponctuée d’expérimentations – en apparence en solo, puisqu’elle est accompagnée d’une danseuse qui joue son ombre et d’une comédienne en voix off -, elle s’amuse avec le cadre du spectacle, le rôle de l’acteur, du spectateur, pour nous déstabiliser.

Au fil des métamorphoses

Proposition après proposition se déplient des métamorphoses. Il y a celles de Nosfell, dans Le Corps des songes, conte intime, fantasmagorique et inquiétant. Le chanteur y évoque la mythologie qu’il a inventée au pays de «  Klokochazia » et interprète les êtres étranges qui le peuplent, grâce à sa voix qui semble venue d’un autre monde. Le corps se transforme aussi chez Jérôme Barbant, dans Ecdysis, où il met en scène la transition d’une femme transgenre de 60 ans, filant la métaphore de la mue des arthropodes. Cette ode à l’acception de soi et à celle des autres émerge au sein d’un ensemble organique. Puis le danseur et chorégraphe atypique Matthieu Barbin s’attaque à l’impact du labeur sur le corps dans Les cent mille derniers quarts d’heure. Il convoque sur scène Sara, aujourd’hui retraitée, qui a été successivement matelassière, laitière et bouchère, pour interroger comment corps et esprit évoluent, mutent même en fonction du métier. Une programmation pointue à l’image de notre monde : en pleine transformation.

Belinda Mathieu