Théâtre - Critique

Bluebird

Bluebird - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point


Théâtre du Rond-Point / de Simon Stephens / mes Claire Devers

Le vent soufflait fort, le 16 janvier dernier, sur le Théâtre du Port Nord – structure éphémère investie par l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône pendant la durée des travaux de rénovation de son bâtiment permanent (qui s’achèveront en septembre 2018). Le vent soufflait, sifflait, faisant balancer, grincer, chanter avait-on l’impression par moments, les éléments de bois et de toile du chapiteau de forme oblongue mis à la disposition de la scène nationale. Cette irruption des forces de la nature dans le champ du théâtre était belle. Et revigorante. Elle provoquait des effets de vie et de surprise, une part d’inattendu qui manquait au spectacle mis en scène par Claire Devers pour sa première création dramatique, aujourd’hui présentée au Théâtre du Rond-Point à Paris. Il faut dire que le texte de Simon Stephens dont s’est emparée la réalisatrice de cinéma, bien qu’incarné par d’excellents interprètes (Philippe Torreton, Baptiste Dezerces, Serge Larivière, Marie Rémond et Julie-Anne Roth), a du mal à dépasser les limites d’un mélo calibré, stéréotypé, d’un projet d’écriture qui laisse apparaître à peu près toutes ses coutures de fabrication.

Cinq ans après un drame

Dans cette pièce (la première écrite par l’auteur britannique, en 1998), un chauffeur de taxi sillonne, la nuit, les rues de Londres. Au fil de ses errances urbaines, il prend en charge une humanité chaotique. Des femmes et des hommes malmenés par le monde s’assoient sur les sièges de sa Nissan Bluebird comme ils s’allongeraient sur le divan d’un psychanalyste. Voici pour le début de cette histoire, qui prend ensuite un virage attendu en explorant l’existence, elle-même douloureuse, du chauffeur… On sentait arriver, depuis longtemps, la mise au jour d’un drame du passé. Comme prévu, ce drame surgit, dévoilé par un lent goutte-à-goutte distillant, jusqu’à la fin du spectacle, les tenants et aboutissants d’un événement survenu cinq ans auparavant. L’alcool. La mort d’une enfant. La rupture amoureuse. Le deuil. La solitude… Simon Stephens tente de piquer notre curiosité et de nous émouvoir. Mais les moyens qu’il emploie sont trop artificiels. L’habile mise en scène de Claire Devers – tout en vidéos et en mouvements – n’y change rien. Ce Bluebird manque de vérité. Il échappe à la complexité de la vie.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Bluebird
du mercredi 7 février 2018 au dimanche 4 mars 2018
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris

Salle Jean-Tardieu. Du mardi au samedi à 20h30. Le dimanche à 15h30. Relâche les lundis et le 11 février. Spectacle vu le 16 janvier 2018 à l’Espace des Arts - Scène nationale de Chalon-sur-Saône. Durée de la représentation : 2h. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.


Egalement les 1er et 2 février à la Maison de la Culture d’Amiens, les 29 et 30 mars au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, du 3 au 7 avril aux Célestins – Théâtre de Lyon.


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