Théâtre - Critique

Big Apple

Big Apple - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Paris


Théâtre de Paris / Isabelle Le Nouvel / Mise en scène Niels Arestrup

Le temps bien sûr avait doucement engourdi l’ardeur dans le tiède roulis des habitudes et le désir gisait, tranquillement, parmi les bibelots du quotidien. Bien sûr l’ancienne flamme veillait toujours, brûlant parfois leurs solitudes à peine effleurées. Brod, collé devant l’écran XXL, ronchonnait contre la bêtise savamment dosée des programmes télévisés, tandis que Sist continuait de rêver de voyage par surprise. L’amour ronronnait pourtant encore sous les draps, froissés par tant d’années. Le premier tableau semblait donc s’encrouter dans la peinture à gros traits de ces couples usés à force de routine. Sauf que l’attente d’une docte lettre portant des résultats d’analyses médicales vient soudain troubler cet équilibre : Brod semble condamné et, plutôt que de subir sans espoir un traitement terrassant et d’agoniser à l’hôpital, préfère vivre en ignorant son mal et redécouvrir la saveur vive de l’instant présent. Décapant la poussière qui avait terni l’éclat des sentiments, la maladie va alors resserrer les liens qui les attachent l’un à l’autre et ressusciter des projets communs. Les voilà qui préparent enfin leur séjour à New York, si souvent évoqué, jamais réalisé…

Douleur intérieure

Ce ressort dramatique n’empêche malheureusement pas le texte de s’assoupir dans une tranchée narrative des plus plates, bien qu’encombrée de philosophailleries tassées à petits coups d’explications répétées. Auteur de bonne volonté, Isabelle Le Nouvel brode en effet sur cette trame des réflexions sur le temps qui reste, la mort qui guette, le déni de réalité, le choix de l’euthanasie, la force de l’amour… Quelques fois touchantes, les paroles restent cependant plombées par trop de commentaires et coulent dans les sillons tout tracés des lieux communs. Guidés par le metteur en scène Niels Arestrup, les comédiens peinent à donner du relief à l’histoire. Christophe Malavoy, en dépit de quelques moments d’intense émotion, paraît mal à l’aise avec son personnage. Malgré la délicatesse de son jeu, Marianne Basler est bloquée sur la même note, tenaillée par une douleur intérieure à fleur de peau. « Il faut se contenter de découvrir, mais se garder d’expliquer » disait Georges Braque à propos de la création artistique. A méditer…

Gwénola David

A propos de l'événement


Big Apple
du jeudi 8 mai 2014 au dimanche 6 juillet 2014
Théâtre de Paris
15 Rue Blanche, 75009 Paris, France

Du 8 mai au 6 Juillet, du mardi au vendredi à 21h, samedi à 17h et 21h, dimanche à 15h, relâche lundi. Tél. : 01 42 80 01 81.


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