Quelle est la genèse de ce projet avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux ?
Angelin Preljocaj : Voilà presque quatre ans que nous avons commencé cette collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Au départ, Marc Minkowski, directeur de l’Opéra, et Eric Quilleré, directeur de la Danse, avaient souhaité nouer un partenariat fort avec le Ballet Preljocaj. Je pense qu’ils désiraient que je travaille avec eux pour diversifier les styles, les écritures, les approches artistiques. Ils auraient aimé une création, mais j’étais un peu réticent, car je préfère connaître les danseurs avant de réaliser cette étape. La reprise du répertoire est donc une façon de se rencontrer avant de se lancer dans un tel challenge. Depuis, ils ont inscrit à leur répertoire Blanche-Neige, La Stravanganza, Ghost, et Trait-d’Union. Le covid a ensuite perturbé les choses, mais je savais qu’ils avaient de très beaux interprètes et je me suis engagé dans ce projet.
Combien de danseurs réunira cette création ?
A.P. : Cette création réunira dix danseurs du Ballet de l’Opéra de Bordeaux et dix danseurs du Ballet Preljocaj, un format déjà éprouvé notamment quand j’ai créé avec le Ballet du Bolchoï Suivront mille ans de calme. Avec l’idée de partage à tous les niveaux, les danseurs travaillant à Bordeaux et à Aix en un seul groupe de vingt personnes.
Cette création est intitulée Mythologies, auxquelles vous référez-vous ?
A.P. : Ce sera une approche chorégraphique de différentes mythologies, certaines très anciennes, d’autres plus récentes, voire contemporaines. Je pense par exemple aux Mythologies de Roland Barthes… la création explorera les rituels contemporains et les mythes fondateurs qui façonnent l’imaginaire collectif pour voir comment ils se répondent, dans une mise en écho.
Quels seront la musique, la scénographie, les décors et costumes ?
A.P. : L’idée de l’Opéra de Bordeaux était de faire entrer en lice toutes les forces de la maison, en un projet qui implique l’orchestre, les ateliers décors et costumes, les danseurs. Pour les costumes, j’ai sollicité Adeline André, styliste française talentueuse. Pour la musique, j’ai pensé qu’il serait préférable de faire appel à un compositeur. J’étais en contact avec Thomas Bangalter, l’un des fondateurs du duo Daft Punk, avec lequel j’étais en discussion dans la perspective d’une collaboration. J’avais déjà utilisé la musique de Daft Punk dans deux ou trois passages de Gravité. Ils connaissent donc mon travail, et ont eu la gentillesse de me faire confiance. J’ai eu tellement de plaisir à travailler avec cette musique, que, quand est venue cette proposition de Bordeaux, j’ai pensé à Thomas. J’imaginais un mélange de classique et d’électronique, mais il veut rompre avec l’électro et a préféré composer pour l’orchestre, avec son côté organique. Je lui ai écrit un livret qui lui a servi de base pour écrire la musique et c’est passionnant. Il a une connaissance de la musique et de son histoire impressionnante. Nous nous apprêtons donc à commencer un projet très stimulant.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce livret ?
A.P. : Le livret est une base pour que Thomas puisse se lancer. Mais l’ensemble deviendra une forme de palimpseste puisque je vais moi-même écrire la chorégraphie sur la musique que Thomas m’aura donnée. Finalement, le livret deviendra une antiquité. Les choses se construisent par tuilage souvent de manière inattendue et cela me passionne. C’est tellement plus intéressant que ce que j’avais imaginé au départ !
Propos recueillis par Agnès Izrine
1er, 4, 6, 7, 8 à 20h. Dim. 3 et 10 à 15h.
Tél. : 05 56 00 85 95. Durée 1h30.
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