Une trentaine de spectacles sont à l’affiche, dont 9 créations et 5 premières en France, programmés dans 35 lieux de Haute-Normandie. Musique, théâtre, danse et cirque se côtoient et le festival met en œuvre des temps d’échanges féconds entre les disciplines, les cultures, les spectateurs, ainsi qu’entre artistes et publics. Dans la continuité de l’exploration des musiques minimalistes proposée lors des éditions précédentes – à travers Steve Reich, Philip Glass, des compositeurs d’Europe centrale -, le festival met en lumière l’univers du compositeur britannique Michael Nyman, influencé par la musique baroque anglaise et la musique minimaliste, compositeur pour Peter Greenaway ou Jane Campion, mais étonnamment peu présent sur les scènes françaises. Il crée pour la soirée inaugurale une nouvelle partition destinée au chef-d’œuvre d’Eisenstein Le Cuirassé Potemkine, interprétée par l’ensemble Michael Nyman Band. Un quatuor de Michael Nyman, commandé par le festival et interprété par The Smith Quartet, est aussi à découvrir, au cœur d’un marathon “musiques minimalistes“ qui rassemble une création du Gavin Bryars Ensemble et une première en France du Wim Mertens Ensemble. Musique encore avec la rencontre de la pianiste Vanessa Wagner et du quatuor Diotima, qui créent le quintette pour piano et cordes de Christophe Queval, A Kalte Nacht. A ne pas manquer, l’opéra Red Waters par le duo Lady & Bird – Keren Ann Zeidel et Bardi Johannsson – est créé dans une mise en scène d’Arthur Nauzyciel, avec la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot, l’orchestre de l’Opéra de Rouen et un chœur islandais.
Epoustouflante exploration des relations humaines
En théâtre, la compagnie du Chat Fouin de Yann Dacosta crée le premier volet d’un triptyque consacré à l’auteur et cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder, Le Village en flammes, drame paroxystique écrit à partir de la comédie en vers de Lope de Vega. La compagnie Akté crée Insultes au public, texte avec lequel Peter Handke fit scandale en 1966. A voir aussi Sonia et The Sound of Silence du letton Alvis Hermanis ; Ma Chambre froide de Joël Pommerat, étonnante et époustouflante exploration des relations humaines au sein d’une petite entreprise – et d’un drôle de théâtre -, fresque haletante et comique où le jeu des acteurs atteint une virtuosité et une fragilité extrêmes ; Hedda Gabler de Thomas Ostermeier, qui revisite Ibsen au fil d’une lecture aseptisée, tranchante et sans échappatoire. En danse, programmation majuscule avec un ballet d’exception, le Nederlands Dans Theater, dans deux programmes qui comportent des premières en France de Medhi Walerski ; avec aussi le chorégraphe finlandais Tero Saarinen, dans Borrowed Light avec The Boston Camerata et dans deux créations sensibles avec l’Ensemble Intercontemporain, Scheme of Things, explorant l’échec amoureux, et Vox Balaenae. A voir aussi une création de Sylvain Groud, Héros ordinaires, représentant nos rythmes de vie effrénés, deux pièces de Hofesh Shechter, fascinantes par leur énergie exacerbée et leur sensibilité brute, et une création du norvégien Jo Stromgren. Sans oublier La Grande Veillée qui investit la ville de Fécamp le 29 octobre, entre terre et mer, évoquant la Grande Pêche vers Terre-Neuve.
Festival Automne en Normandie, du 19 octobre au 21 novembre. Tél : 03 32 10 87 07.