Danse - Entretien / JEAN-CLAUDE GALLOTTA

Jean-Claude Gallotta

Jean-Claude Gallotta - Critique sortie Danse Maisons-Alfort


THEATRE JEAN-CLAUDE DEBUSSY / THEATRE DES ABBESSES / THEATRE LE PRISME
L’ETRANGER CHOR. JEAN-CLAUDE GALLOTTA

On a du mal à ne pas faire le lien entre la première phrase de L’Etranger (« Aujourd’hui, maman est morte »)  et votre propre histoire…

Jean-Claude Gallotta : Cette pièce est en effet reliée au décès de ma mère. J’étais en quête d’une idée pour créer un trio. Ma mère venait de mourir. Je rangeais ses affaires et j’ai retrouvé des photos d’elle, à Oran. Nous avions vu ensemble le film de Visconti, L’Etranger. J’ai alors relu le roman. Sur le plateau, je refais ce chemin-là avec le spectateur, et je montre ce qui a déclenché en moi cette pièce.

« La danse est le parfum de la littérature. »

On peut donc s’attendre à un hommage à Camus, que vous dites un « homme dansant », mais aussi au cinéma : Visconti, Tarkovski, Fellini ou Capra…

J.-C. G. : Le cinéma fait partie de mes modèles pour le spectacle vivant ! Il m’a toujours ému par sa façon de raconter quelque chose. Face à l’abstraction de la danse, le cinéma propose une chair dramaturgique, compose des espaces différents… Quand la danse est purement abstraite, quelque chose se perd. Et lorsqu’elle est trop narrative, aussi. C’est donc dans des limbes poétiques, grâce au cinéma, que je trouve un rythme, un sens continu. Le cinéma est morcelé au départ, mais après le montage, il « tient debout ».

Sur scène, vos fidèles danseurs, Thierry Verger, Béatrice Warrand, Ximena Figueroa. Pourquoi avoir choisi un trio dont chacun endosse plusieurs personnages du roman ?

J.-C. G. : Je voulais réaliser un trio avec ces trois danseurs, et leur rendre hommage. Ils incarnent à la fois, pour Thierry, Salamano, l’arabe,  Meursault, et pour Béatrice et Ximena, Marie, la mère, la mort… La danse est le parfum de la littérature. Divers axes surgissent, issus de l’enfance et d’un rapport au réel décalé. Il y a un épisode fantasmé dans lequel j’ai essayé de me questionner sur l’amour des gens pour leur chien. Il s’agit un peu du lien avec un enfant, pour lequel on est parfois cruel, tout en l’aimant. Quatre chiens sont représentés, comme autant de moments du rapport à l’autre.

Quel rôle joue la partition de Strigall, entre la musique orientale traditionnelle, le métal et l’électro ?

J.-C. G. : Je commence toujours par composer la danse dans le silence, puis la « trempe » dans la musique. Là, j’avais fait un collage musical, et Strigall m’a dit qu’il voulait se frotter à ma pièce. A l’arrivée, sa production est une réussite ! Et sa musique crée une unité à la pièce.

Comment voyez-vous l’avenir ?

J.-C. G. : Artistiquement, les choses continuent. Ce pouvoir me reste. Cependant, il faut que je me batte ! Je voulais laisser le CCN de Grenoble, après mes trente ans de direction. Mais ce départ s’est fait de manière un peu brutale, notamment pour les trois danseurs permanents qui vont être licenciés. Mon travail tourne toujours, et cela me donne de l’oxygène.

 

Propos recueillis par Bérengère Alfort

A propos de l'événement


L’ETRANGER
du jeudi 18 février 2016 au mardi 8 mars 2016

Maisons-Alfort, France

L’Etranger : Théâtre Jean-Claude Debussy, 116, avenue du Général de Gaulle, 94700 Maisons-Alfort. Le 18 février à 20h45. Tél. 01 41 79 17 20.


Théâtre des Abbesses, 31, rue des Abbesses, 75018 Paris. Du 23 février au 5 mars à 20h30. Tél. 01 42 74 22 77.


Théâtre le Prisme, Quartier des 7 Mares, 78990 Elancourt. Le 8 mars à 20h30. Tél. 01 30 51 46 06.


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