Au New Morning

Personnalité discrète en Europe, la chanteuse de Los Angeles Judith Hill est connue aux Etats-Unis pour avoir été la dernière protégée de Prince (qui produisit son album) mais aussi pour sa participation remarquée à The Voice et son rôle dans le documentaire « 20 Feet from Stardom ». Un film en hommage aux choristes dans l’ombre des studios, qui lui valut un Grammy Awards. Judith Hill quitte de plus en plus son rôle de faire-valoir pour occuper le devant de la scène et laisser éclater le brio et le mordant d’une voix mirobolante faite pour le funk (le 5/10). A suivre au « 7/9 rue de la rue des petites écuries », quelques musiciens de premier plan rarement à l’affiche à Paris : le jeune souffleur multi-instrumentiste d’origine haïtienne Jowee Omicil (le 11); le dialogue d’une grande dame de la chanson italienne Ornella Vanoni – passée, comme comédienne, par le « Piccolo Teatro » de Strehler – avec le trompettiste sarde Paolo Fresu, comme sur leur récent album « Argilla » (le 13); et enfin deux jeunes trompettistes d’exception, dans les deux cas admirés et adoubés par Wynton Marsalis en personne, Theo Croker (le 18) révélé par l’album « Star People Nation », petit-fils du légendaire trompettiste Doc Cheatham, puis Keyon Harrold, dans la musique de son deuxième album en leader, « The Mugician » sorti fin 2017 (le 24) : deux musiciens trentenaires, libres comme l’air et imprévisibles, virtuoses et inventifs, aptes à s’approprier dans leur jazz toutes les musiques, du rock au rap, dans un esprit qui n’est rien d’autre que celui qu’adopta Miles Davis tout au long de sa carrière.

Jean-Luc Caradec