Festival label discographique « La Dolce Volta »
Quand un label discographique prend la scène.
Critique/Projet transdisciplinaire
Avec Arianna, La Pop invite à une immersion dans laquelle le mythe rencontre l’astrophysique.
Pour son premier spectacle sur la Scène de recherche de l’Université Paris-Saclay, La Pop propose une création qui condense son identité artistique transdisciplinaire. Aboutissement d’un projet initié par Milan Otal, Arianna part de la seule trace de l’opéra homonyme de Monteverdi rescapée des flammes qui ont détruit la partition, un Lamento resté célèbre où l’héroïne mythologique chante son abandon, pour rapprocher son destin avec celui de Valentina Terechkova, première femme à s’être rendue dans l’espace et à avoir affronté le vide cosmique.La dimension immersive de la production réglée par Ismaël Tifouche Nieto s’affirme d’abord avec des procédés éprouvés, dès l’accueil du public dans le hall, avec la déclamation de bribes narratives par Noé Mercier, en contrepoint de ritournelles confiées à un trio de musiciens, dans des tonalités apparentées au jazz et au folk, et d’une errance chorégraphique de Joana Schweizer, aux confins de l’hystérie devant la promesse de retrouvailles avec Thésée. Sorte de deus ex machina, le comédien invite à une participation interactive au fil du chemin vers la salle, avec un jeu appuyé qui se retrouve dans la relative banalité du commentaire du destin d’Ariane, dont la fatale émancipation hors de ses racines force un pont vers l’aventure astronautique de Valentina Terechkova.
Poésie cosmique et coda libératrice
C’est dans la deuxième partie que le patchwork gagne en cohérence. La scénographie de Gala Ognibene s’appuie sur les travaux de Frédéric Baudin, chercheur à l’Institut d’Astrophysique Spatiale, et plonge le spectateur dans des images de constellations enveloppées de lumière nocturne et onirique. Sur fond de traduction électroacoustique des vibrations des astres, la danseuse évolue dans une bulle d’apesanteur tandis que s’égrènent des extraits du carnet de bord de la cosmonaute russe. Au-delà de relatives redondances dans le dispositif, l’effet hypnotique est garanti. Baignant dans une tendresse lumineuse intimiste, l’anamorphose de la partition de Monteverdi que propose Vincent Trollet en conclusion de ce voyage constitue la plus grande réussite du spectacle. Renversant le désespoir du madrigal, la pièce part de l’ostinato mélodique du violon d’Hélène Maréchaux, enrichie par les douces syncopes de la contrebasse de Charlotte Testu et de la guitare d’Omar J. Nicho, vers une péroraison mélismatique sur « Lasciami vivere ». Tout un symbole d’engagement poétique.
Gilles Charlassier
Tél : 01 53 35 07 77. En tournée le 26 mars 2022 à l'Opéra de Massy, 1 place de France, 91300 MASSY. Tél : 01 60 13 13 13.
Quand un label discographique prend la scène.
Deux pianistes distingués par le Prix Samson [...]