Andy’s gone 1 & 2 de Marie-Claude Verdier, mise en scène de Julien Bouffier

« Une adaptation contemporaine d’Antigone, axée sur l’opposition entre Créon et Antigone et dirigée vers un public adolescent. » C’est la commande qu’a effectuée le metteur en scène Julien Bouffier à l’auteure dramatique québécoise Marie-Claude Verdier, tous deux particulièrement intéressés par la transmission. Leur réécriture du mythe accorde au geste rebelle d’Antigone une dimension sociale et solidaire plus qu’intime, questionnant en cela le désir adolescent de changer le monde tout autant que son pendant, le sentiment d’être exclu des affaires du monde. La fable se décline en deux volets. Créon devient ici Régine, Reine du royaume qui a perdu son fils, et Antigone se mue en Alison, sa nièce. Elles ont grandi ensemble et éprouvent une affection profonde l’une pour l’autre.

Implication des spectateurs

Dans la première partie, déjà présentée à Avignon Off en 2017, la jeune Alison interroge l’état d’urgence mis en place pour faire face à une catastrophe climatique. Dans la seconde, Alison, promise au pouvoir, a disparu, la Reine a fermé les portes de la ville aux réfugiés, et la voix d’Andy, qui rappelle à la fois Hémon, l’amant suicidé d’Antigone, et ses frères Polynice et Étéocle, appelle à la rébellion. Munis d’un casque audio sans fil, les spectateurs entendent ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur des quatre murs de la salle, à l’écoute d’une fiction sonore qui mêle des éléments réalistes, entre ce qui s’expose et ce qui se dissimule, et des échappées musicales ouvrant l’imaginaire. La seconde partie accentue encore l’implication du public, qui peut choisir son camp. Vanessa Liautey et Manon Petitpretz donnent corps à cette intense confrontation entre pouvoir et rébellion, entre raison d’État et altruisme.

Agnès Santi