Danse - Critique

Alice, Down the Rabbit Hole ! d’après Lewis Carroll, chorégraphie Moses Pendleton

Alice, Down the Rabbit Hole ! d’après Lewis Carroll, chorégraphie Moses Pendleton - Critique sortie Danse Paris Folies Bergère


Folies Bergère / Moses Pendleton et la Cie Momix / Alice

À l’endroit, puis à l’envers. Tout part du livre de Lewis Carroll, mais dans la création de Moses Pendleton, il sera décortiqué, remodelé. Alice, dans sa robe blanche volant au vent, se balance sur une échelle. Rêveuse, elle entreprend une danse aérienne, avant de disparaître, pour laisser place… à trois autres Alice, qui entament leur chute vertigineuse dans ce pays merveilleux. Dans cette version du conte fantastique, il n’y a pas qu’une petite fille, mais plusieurs, et elles se succèdent durant les deux heures de spectacle, accompagnées des autres personnages, dans des tableaux tous plus féériques. Tout est là : le sourire du chat se dessine dans le noir à l’aide de semelles lumineuses, les roses dansent avec les pots de peinture, la chenille se matérialise par des ballons de yoga, et le lapin blanc est évidemment présent, sous la forme d’un gang de lapins guerriers prêts à se battre, sur une musique de Chris Vrenna, Skool Daze, rappelant un instant les bois menaçants dans lesquels l’héroïne se perd. Les références au livre sont plus ou moins évidentes. Parviendrez-vous à toutes les saisir ? Qu’importe, les danseurs nous emportent avec eux dans leur monde imaginaire.

Entre danse et ingénieux dispositifs, la magie opère

Les tableaux s’enchaînent dans une diversité qui ne laisse de répit à personne. Agilité, souplesse et grâce se fondent en lien avec une ingénierie invisible mais que l’on imagine savante : tandis que les pendrillons se ferment et s’ouvrent les uns après les autres, dévoilant des dispositifs toujours plus astucieux, on devine une organisation au cordeau. Les acteurs de ces rouages n’en restent pas moins des danseurs d’exception, et habitent l’histoire d’Alice avec une corporalité oscillant entre classique, contemporain et jazz. L’ensemble donne à voir un ballet visuel savant, égayé par les multiples accessoires utilisés par les interprètes. De Polo and Pan à Gotye, les musiques imposent leur singularité à chaque tableau – les titres en sont dévoilés dans le programme, permettant de prolonger avec joie le moment dans ses écouteurs sur le chemin du retour. La féerie opère à chaque lever de rideau, et le salut final nous ramène à la réalité : seuls huit danseurs interprètent tour à tour les personnages de cette épopée fantastique. Merveilleux tour de passe-passe, on les pensait plutôt une vingtaine. Une chose est sûre, Alice rêve toujours, et nous rêvons avec elle.

Louise Chevillard

A propos de l'événement


Alice, Down the Rabbit Hole !
du jeudi 24 mars 2022 au dimanche 10 avril 2022
Folies Bergère
32 Rue Richer, 75009 Paris

Du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 16h et 20h, et le dimanche à 16h. Durée : 2h avec entracte. Tel : 01 44 79 98 60.


 


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