Absolute Wilson

« C’est un film sur une vie bien remplie, et l’art en fait partie »,
annonce la réalisatrice allemande. « Ce n?est pas un film sur l’art dont la
vie ne serait qu’un élément. » Le concept est transparent : partir à la
découverte de l’individu Robert Wilson, de ses racines, de son parcours, période
après période, en juxtaposant sphère intime et sphère artistique. Ainsi,
Katharina Otto-Bernstein se penche sur l’enfance solitaire du metteur en scène,
sur les figures de son père et de sa mère qui ont inspiré nombre de ses images
scéniques, sur sa rencontre avec le professeur de danse Byrd Hoffman qui l’a
initié au « ralentissement », sur sa décision d’adopter un adolescent
sourd-muet, sur son travail auprès d’enfants attardés et hyperactifs’

Portrait d’un ancien enfant dyslexique devenu dynamiteur de textes et
révélateur d’images

Tout cela par le biais d’archives ? photos de famille, extraits de spectacles
et de séances de travail ? ainsi que d’abondants témoignages. En premier lieu,
des confessions de Robert Wilson lui-même, qui brise sa pudeur légendaire pour
revenir sur les principales étapes de sa vie et révéler quelques fondements de
sa voie créative. Egalement des témoignages de personnalités ayant croisé son
chemin : Susan Sontag, Jessye Norman, Tom Waits’ Toutes ces voix complices
tressent des couronnes au metteur en scène d’origine texane. Absolute Wilson,
oeuvre bienveillamment pédagogique, ne laisse en effet aucune place aux paroles
discordantes. Et c’est sans doute la principale limite de l’exercice. Car en
prenant le parti du panégyrique, Katharina Otto-Bernstein gomme entièrement le
goût de scandale qu’a souvent distillé l’univers avant-gardiste et provocateur
de Bob Wilson.

Manuel Piolat Soleymat

Absolute Wilson, de Katharina Otto-Bernstein (Etats-Unis/Allemagne).
Sortie le 21 mars 2007.