La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Lisbeth Gruwez

We’re pretty fuckin’ far from okay

We’re pretty fuckin’ far from okay - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Festival d’Avignon. Gymnase Paul Giéra
Crédit : Klaartje Lambrechts Légende : Lisbeth Gruwez et Martin Van Cauwenberghe de la compagnie Voetvolk.

Gymnase Paul Giéra
Chorégraphie Lisbeth Gruwez

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Lisbeth Gruwez et le compositeur Maarten Van Cauwenberghe livrent une création où l’expérience physique du mouvement s’appuie sur l’état de peur.

Où êtes-vous allée puiser la peur : dans l’actualité, qui nous arrive de l’extérieur, ou dans quelque chose de l’ordre de l’intime ?

Lisbeth Gruwez : J’ai décidé de faire un duo avec l’idée que la peur est quelque chose qui s’installe lorsque deux individus sont seuls. Fondamentalement, il y a une conscience que l’on est seul, tout en étant tout le temps en compétition avec l’autre. Avec ce point de départ, j’ai choisi que ces deux personnes ne se rencontrent qu’après trois quarts d’heure de spectacle. Je trouve de la matière dans des peurs personnelles, mais je parle aussi d’une méfiance presque institutionnalisée. Plus on est isolé, plus la peur a de la place pour grandir. L’inspiration est venue aussi d’un paquet de cigarettes : je fume beaucoup, et je me suis observée. J’ai vu que la respiration est en fait le baromètre d’une peur que je peux plus ou moins contrôler. Nous avons cherché un langage sur des mouvements de peur, comme dans les films d’Hitchcock, avec un travail sur l’inspiration et l’expiration. Comment la respiration peut-elle influencer les mouvements et les états de peur ? Et puis, la respiration est une chose qui nous unit. Evidemment, avec les temps que l’on vit actuellement à Bruxelles et partout en Europe… Comme je suis une éponge, j’absorbe les choses qui nous entourent et cela se traduit dans le spectacle.

« J’aime l’idée que le public soit emmené dans une expérience physique. »

Ce travail spécifique sur la respiration peut-il vous amener à des états modifiés de la conscience ?

L. G. : On a trouvé une solution pour pouvoir faire des scènes longues, pour pouvoir entrer dans la transe. Si on travaille uniquement avec notre respiration, il y a une limite que l’on ne peut pas dépasser et on tombe dans les pommes ! Ce sont des enregistrements de nos respirations, qui sont ajoutées en live, et cela devient une partition à trois. Elle nous permet d’aller plus profondément dans les états et de garder la durée pour arriver à un sentiment le plus étouffant possible pour le public.

Cherchez-vous à provoquer un effet d’empathie chez le spectateur ? Tout comme le rire provoque le rire, est-ce ici le même phénomène ?

L. G. : J’espère que les gens sortiront du spectacle en prenant une grande respiration, et seront plus conscients de leurs propres outils, de leurs propres armes, qu’ils pourront utiliser dans les situations de peur. Votre parallèle est intéressant, car mon précédent spectacle traitait du rire : on s’y secouait beaucoup et je voyais les gens dans le public physiquement affectés. J’aime l’idée que le public soit emmené dans une expérience physique.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

We’re pretty fuckin’ far from okay
du lundi 18 juillet 2016 au dimanche 24 juillet 2016
Festival d’Avignon. Gymnase Paul Giéra
55 Avenue Eisenhower, 84000 Avignon, France

à 18h30, relâche le 22. Tél. : 04 90 14 14 14.

Durée 1h.

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