La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Un tango au bord de mer

Un tango au bord de mer - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre 14
Jean-Pierre Bouvier (Stéphane) et Frédéric Nyssen (Vincent), un duo d’acteurs très convaincant. Crédit : Véronique Vercheval

Théâtre 14 / de Philippe Besson/ mes Patrice Kerbrat

Publié le 25 septembre 2014 - N° 224

Ce sensible huis clos dramatique, dont le romantisme assumé met du baume au cœur,  actualise toutes les promesses que la portée métaphorique du titre engage.  

« Il faut savoir à tout prix faire surgir une voile du vide de la mer » disait « Face à ce qui se dérobe » Julien Gracq. Le duo mis en scène dans cette première œuvre écrite pour le théâtre par Philippe Besson balance entre le réveil de la bête égotique tapie dans la houle des sentiments et l’éveil à l’abandon de la révélation amoureuse.  A ce point de bascule, entre vide et voile, le tangage de ces deux hommes force un langage de vérité. Alors qu’ils se retrouvent comme fortuitement, une nuit, seuls, dans le cadre aseptisé de ce bar d’hôtel branché du bord de mer, encore une fois réunis alors que tout visiblement les oppose, ils sont échoués sur les rivages d’une ancienne histoire d’amour qui, restée en suspens dans la précipitation d’un départ sans explications, appelle une suite pour connaître sa fin. Se déroberont-ils ? Largueront-ils les amarres ? L’auteur contemporain, dont deux romans ont été adaptés au théâtre et un autre au cinéma, – Son frère, par Patrice Chéreau -, touche encore une fois au vif du sentiment loin, très loin, de tous les poncifs. L’amour, par-delà la querelle du genre, reprend ses droits sur scène.

De subtils effets de jeu

Le tact et le talent sobre des deux acteurs rendent le texte à sa sincérité comme à sa profondeur. Jean-Pierre Bouvier dans le rôle de  Stéphane Belcour, écrivain à succès, la cinquantaine bohème travaillée, se coule sans jamais forcer le trait dans la peau attachante du personnage, lucide, peiné, toujours amoureux et toujours respectueux du désir de l’autre. Cet autre qui lui revient – Par hasard ? Par amour ? – est également parfaitement incarné par Frédéric Nyssen dans le rôle de Vincent, jeune homme athlétique, nerveux jusqu’à cette agressivité qui masque mal une sensibilité d’écorché vif. La subtilité de jeu requise par la pièce, face à face relevant  davantage selon l’auteur « d’une partie de tennis jouée de fond de court que d’une violente partie de ping-pong », est également soutenue par la mise en scène aussi discrète qu’efficace de Patrice Kerbrat. C’est beau et touchant.

Marie-Emmanuelle Galfré 

A propos de l'événement

Un tango au bord de mer
du mardi 9 septembre 2014 au samedi 25 octobre 2014
Théâtre 14
20 Avenue Marc Sangnier, 75014 Paris, France

les mardis, vendredis, samedis à 20h30, les mercredis et jeudis à 19h, matinée le samedi à 16h. Tél : 01 45 45 49 77. www.theatre14.fr

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre