La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Tout passe

Tout passe - Critique sortie Théâtre saint denis théâtre gérard phillipe
Crédit : Arno Hussenot Légende : Patrick Haggiag

Théâtre Gérard Philipe / d'après Vassili Grossman / mes Patrick Haggiag

Publié le 21 février 2017 - N° 252

 

Dans Tout passe (1963), Vassili Grossman livre une méditation sur l’histoire russe à travers le long monologue d’un homme sorti du goulag après trente ans d’enfermement. Patrick Haggiag l’adapte pour la scène et confie le rôle à Jean Varela.

En quoi la Russie post-stalinienne que décrit Vassili Grossman résonne-t-elle selon vous avec notre époque ?

 Patrick Haggiag : Je crois que nous avons plus que jamais besoin de paroles nuancées, et celle de Vassili Grossman l’est d’une manière magnifique. Bien que sortant du goulag, Ivan Grigoriévitch, le héros de Tout passe, exprime tout au long de son monologue une sensibilité à l’Autre qui ne fait pas de différence entre amis et ennemis. Ce texte m’aide pour cela à penser le monde actuel, d’autant plus qu’il est porté par une poésie complexe que je ne me lasse pas d’explorer.

Tout passe a beau être plus court que Vie et Destin (1962), l’oeuvre phare de Vassili Grossman, elle est assez hybride et labyrinthique. Comment avez-vous abordé son adaptation ?

 P.H : Dans son retour sur les lieux du passé, le personnage de Vassili Grossman fait en effet le portrait de vies minuscules sans faire l’économie d’une pensée générale. Dans mes choix de texte, j’ai voulu garder cette oscillation entre moments de méditation romanesques et passages à la limite de l’essai. J’ai essayé d’être le plus fidèle possible au texte. De faire entendre sa grande musicalité à travers l’interprétation de Jean Varela.

 

« Vassili Grossman fait le portrait de vies minuscules sans faire l’économie d’une pensée générale. »

  

Votre scénographie traduit elle aussi l’hybridité du récit…

 P.H : En effet. J’ai voulu faire évoluer Jean Varela au milieu d’éléments disparates. Hormis des fauteuils d’assemblée, mon décor n’a rien de réaliste. Il n’est pas non plus tout à fait de bric et de broc : comme l’écriture de Tout passe ou les œuvres du plasticien russe Ilya Kabakov qui m’ont beaucoup inspiré, il a l’hétérogène cohérent et architecturé. Expliqué ainsi, cela a l’air complexe, mais c’est en fait très simple. Dans ce travail, j’ai cherché à atteindre une forme de pureté.

Vassili Grossman a très peu été abordé au théâtre. Comptez-vous poursuivre votre exploration de son œuvre ?

 P.H : À part Lev Dodine qui a adapté Vie et Destin il y a dix ans, l’oeuvre de cet auteur majeur n’a en effet pas à ma connaissance été portée sur scène. Elle mérite vraiment que l’on s’y penche aujourd’hui.

  

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Tout passe
du samedi 4 mars 2017 au dimanche 19 mars 2017
théâtre gérard phillipe
56 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du 4 au 19 mars 2017, du lundi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Relâche le mardi. Tel : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com.

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