La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Tartuffe

Tartuffe - Critique sortie Théâtre Paris Comédie-Française Salle Richelieu
Tartuffe, mis en scène par Galin Stoev, sur le plateau de la Salle Richelieu. Crédit visuel : Christophe Raynaud de Lage

Comédie-Française / de Molière / mes Galin Stoev

Publié le 25 septembre 2014 - N° 224

La nouvelle mise en scène d’une pièce de Molière à la Comédie-Française est toujours une forme d’événement. Après Marcel Bozonnet en 2005, Galin Stoev propose aujourd’hui sa vision de Tartuffe. Une vision qui laisse une impression de creux.

Comme le précise Agathe Sanjuan* dans le programme consacré au Tartuffe mis en scène par Galin Stoev, avec plus de 3100 représentations, cette comédie de Molière est, à ce jour, la pièce qui a été la plus jouée à la Comédie-Française. Une pièce qui a depuis longtemps débordé du seul champ théâtral pour devenir l’un des éléments de notre langue : le personnage de Tartuffe faisant partie des quelques êtres de fiction dont le patronyme est devenu un nom commun. Parangon d’hypocrisie, de fausseté, de duplicité, le faux dévot aujourd’hui incarné par Michel Vuillermoz sur le plateau de la Salle Richelieu parvient à s’introduire au sein d’une riche famille – celle de Madame Pernelle (Claude Mathieu) et de son fils Orgon (Didier Sandre) – afin de vivre à ses crochets. Littéralement subjugués par celui qu’ils croient être le plus pieux et le plus vertueux des hommes, la mère et le fils l’accueillent dans leur maison comme l’un des leurs, refusant d’écouter les voix qui s’élèvent contre lui. Durant cinq actes, c’est une lutte pour la vérité qui se met en place, une lutte en alexandrins à laquelle est suspendu un projet de mariage qui attacherait définitivement Tartuffe à ceux sur qui il a jeté son dévolu.

De la comédie au drame bourgeois                                           

Il y a quelque chose d’étonnant, de complexe et de tranchant, dans les relations qui se nouent entre tous ces personnages. Quelque chose que l’on ne retrouve pas dans le spectacle créé par Galin Stoev. Ce Tartuffe s’élance comme une comédie bourgeoise pour finir comme un drame bourgeois : sans sursauts, sans trouble, sans urgence, en somme sans saisissements. Manque-t-il à cette mise en scène un véritable regard sur la pièce et ses protagonistes ? On peut se poser la question. Car les comédiens – comme s’ils avaient manqué d’une ligne directrice – ont du mal à nourrir la profondeur de leur rôle, du mal à donner vie à leurs mouvements intérieurs, à leur imaginaire. Hormis quelques belles propositions qui retiennent l’attention (la fragilité et l’élégance que confère Claude Mathieu à Madame Pernelle, le Valère fiévreux et romantique composé par Nâzim Boudjenah, le Monsieur Loyal tout en douceur et mélancolie de Michel Favory), les couleurs de cette représentation virent souvent au gris. Restent les éclats du texte, ses répliques cultes, la drôlerie de certaines de ses scènes… Mais tout cela est déplié sans vraiment d’arrière-plan, en dehors de toute sensation d’évidence, ou de nécessité.

Manuel Piolat Soleymat

* Conservatrice-archiviste de la Comédie-Française

A propos de l'événement

Tartuffe
du mercredi 24 septembre 2014 au mardi 17 février 2015
Comédie-Française Salle Richelieu
5. Place Colette, 75001 Paris, France

En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30. Durée de la représentation : 2h15 sans entracte. Tél. : 0825 10 16 80 (0,15 € la minute). www.comedie-francaise.fr

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